Deux semaines après les élections européennes, dans lesquelles il n’a obtenu aucun élu (4,98% des voix), le NPA tient ce week-end son premier conseil politique national. Le leader du parti d'extrême gauche, Olivier Besancenot, fait le point sur sa stratégie.
Le NPA a été devancé par le Front de Gauche aux européennes. C’est une déception ?
Non car, pour nous, nous n’étions pas en compétition avec le Front de gauche. Il faut comparer avec ce qui est comparable. En 2004, le NPA n’existait pas. Les listes communes de la LCR et de Lutte ouvrière avaient fait 2,5%.
Là, le NPA fait 5% pour son premier test électoral. Même si ce n’est pas une entrée fulgurante et fracassante, c’est un bon départ, d’autant que ce scrutin n’était pas favorable pour nous puisque notre électorat, jeune et ouvrier, a été particulièrement touché par l’abstention.
Est-ce qu’à l’avenir vous envisagez une alliance avec les autres partis de gauche ?
Ce qu’on va soumettre au vote de la direction nationale du NPA ce week-end, c’est de prendre des contacts unitaires tous azimuts avec l’ensemble des partis de gauche, y compris avec l’ensemble des organisations du mouvement social, pour organiser la riposte face à la droite dès la rentrée.
Avec les organisations à la gauche de la gauche, on discutera des possibilités ou non de rassembler les forces anticapitalistes, mais sur des bases d’indépendance totale vis-à-vis de la direction du PS. On leur tendra une main fraternelle pour leur dire : "Assumons notre indépendance". Pour les régionales par exemple, être indépendant ça veut dire ne pas participer aux exécutifs des conseils régionaux socialistes, qui aujourd’hui distribuent des subventions publiques à des groupes qui licencient à tour de bras.
Vous participeriez à des primaires ouvertes à gauche pour la présidentielle ?
Ce sera sans nous. La gauche, elle ne crève pas de ne pas avoir tel ou tel leader, elle crève de pas avoir un programme radical. On a une droite complètement décomplexée, qui ne s’excuse pas de défendre les intérêts du Medef, il faudrait qu’on ait une gauche qui ne s’excuse pas de défendre les intérêts des exploités, des opprimés, de la jeunesse.
Depuis sa victoire aux européennes, Nicolas Sarkozy est en position de force pour engager de nouvelles réformes…
Aujourd’hui on sent que le gouvernement se sent pousser des ailes. On a de nouveau des licenciements en cascade, comme chez Michelin ou à la SBFM, on a la privatisation rampante de la poste qui est annoncée comme par hasard après l’élection, le débat sur l’âge de la retraite qui est rouvert….
Le problème qui se pose aujourd’hui à l’ensemble de la gauche sociale et politique, c’est : est-ce qu’on est capable de rassembler toutes nos forces pour stopper le gouvernement dans les semaines et les mois à venir ? On a besoin d’une victoire sociale du type de ce qu’on avait pu connaître au moment de contrat de première embauche sous Villepin. Tant qu’on ne l’aura pas, c’est le gouvernement qui garde la main.
Comment comptez-vous y parvenir alors que le mouvement social s’essouffle ?
Il y a une course de vitesse qui est enclenchée. Dans la séquence sociale ouverte depuis janvier, le gouvernement a repris la main depuis un mois et demi. On l’a vu le 13 juin. Ca renvoie à la stratégie des syndicats. On était et on reste en droit d’attendre autre chose que des grandes manifestations tous les deux mois. La mobilisation sociale connaît des hauts et bas, pour autant il y a des luttes de façon discontinue dans des entreprises publique et privées. Le problème, c’est de savoir comment les unifier.
La grève générale que vous préconisez, vous y croyez encore ?
Oui, j’y crois toujours. Mais la grève générale, elle ne se décrète pas, elle se prépare. Il faut trouver le chemin de convergence des luttes. Il y a des étapes intermédiaires qui pourraient être par exemple une marche des salariés licenciés : tous les salariés qui résistent actuellement contre les licenciements, chez Molex, Goodyear, Continental, Caterpillar ou Michelin se retrouveraient dans la rue. Quoi qu’il arrive, je ne crois pas que les semaines et les mois à venir seront un long fleuve tranquille pour le gouvernement.
Par Gilles Daniel.