Cher·e·s camarades,
Nous avons bien reçu votre courrier concernant les élections législatives, et nous nous félicitons de l’initiative que vous avez prise.
Les résultats du premier tour de la présidentielle ont été le révélateur d’une situation politique et sociale de plus en plus polarisée, avec l’arrivée au second tour du pôle d’extrême droite (dont le total des voix dépasse celui de l’ensemble des candidatures de gauche) et du pseudo « centre » néolibéral-autoritaire, autour d’Emmanuel Macron. Un troisième pôle s’est également affirmé, représenté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon, et c’est un élément positif dans un rapport de forces dégradé.
La victoire de l’extrême droite est une possibilité sérieuse. Elle serait une catastrophe pour l’ensemble des classes populaires, en premier lieu pour les personnes étrangères, les musulman·e·s, les personnes racisées, les femmes et les personnes LGBTI. L’urgence de l’heure est que pas une voix de notre camp n’aille à Le Pen, pour que l’extrême droite soit battue dimanche.
Mais nous savons bien, dans le même temps, qu’une victoire de Macron ne sera pas un répit pour le camp des exploité·e·s et des opprimé·e·s. Le président des ultras-riches a annoncé la couleur durant sa campagne : toujours plus de casse sociale (avec notamment la retraite à 65 ans) et de gestion policière/autoritaire de la conflictualité.
Le NPA et Philippe Poutou l’ont répété durant cette campagne : sans tirer un trait d’égalité entre le candidat néolibéral-autoritaire et la candidate fasciste, il faudra dans tous les cas se mobiliser face aux attaques contre nos droits et face à la menace fasciste, pour obtenir enfin des victoires significatives et changer le rapport de forces. Cela passe par la construction de structures unitaires de coordination et de mobilisation.
Mais nous savons aussi que les indispensables mobilisations ne peuvent se suffire à elles-mêmes. Il est urgent de reconstruire des outils d’organisation de notre classe : collectifs, associations, syndicats, partis… Nous l’avons, là aussi, répété durant la campagne : notre camp social est orphelin d’un outil politique à la hauteur des enjeux, d’une gauche radicale, décomplexée, déterminée à en découdre avec le capitalisme et son personnel politique, et à faire face à la menace fasciste.
Cet outil ne tombera pas du ciel. Il passera par des expériences collectives de mobilisation, par des discussions publiques entre forces politiques, par des dynamiques de reconstruction/recomposition. C’est aussi l’enjeu des batailles menées lors des échéances électorales, quand bien même ces dernières resteraient l’expression déformée des rapports de forces sociaux.
C’est pour exprimer tout cela que nous avons présenté la candidature de Philippe Poutou à la présidentielle, autour d’une démarche et d’un profil singuliers, ainsi que d’un programme de rupture anticapitaliste et révolutionnaire, internationaliste, qui n’auraient su se confondre avec ceux de Jean-Luc Mélenchon et de l’Union populaire.
La question des élections législatives se pose différemment. La raison essentielle est le constat du rapport de forces global, de l’urgence d’une riposte unitaire face à la classe dominante. De plus, il ne s’agit pas de voter pour un individu et un programme élaboré par un courant, mais pour 577 personnes, avec la possibilité de trouver des médiations, des équilibres, des compromis, autour une dynamique transcendant les logiques d’appareil et/ou boutiquières, tout en permettant que nos différentes positions politiques soient représentées.
Pour toutes ces raisons, nous répondons favorablement à votre demande de rencontre pour discuter de la possibilité de candidatures communes aux élections législatives.
Nous souhaitons une campagne regroupant diverses forces et collectifs, et se situant clairement dans une démarche à la fois de résistance à l’extrême droite et aux politiques antisociales et de proposition d’une politique en rupture avec la gestion loyale du capitalisme. Il s’agirait d’enclencher une dynamique militante pour les élections et pour les luttes sociales, particulièrement contre le pouvoir qui sera issu de la présidentielle, une dynamique capable de jouer un rôle positif pour la mobilisation de notre camp social et la modification des rapports de forces globaux, très dégradés.
Une campagne sociale, écologiste, antiraciste, féministe, contre toutes les oppressions et discriminations, portant les aspirations démocratiques et émancipatrices qui se sont exprimées ces dernières années, notamment dans la jeunesse : augmentation des salaires, accueil des migrantEs et régularisation des sans-papiers, lutte contre le changement climatique, lutte contre les logiques guerrières, développement des services publics (en particulier dans la santé et l’éducation), lutte contre les oppressions, etc.
Cette campagne devrait être menée en toute indépendance par rapport aux organisations de la gauche sociale-libérale, en particulier le Parti socialiste.
Nous souhaitons une campagne commune et démocratique à la base mais aussi l’indépendance politique de chaque organisation (liberté pour chaque organisation de s’exprimer et défendre son programme) et des élu·e·s qui pourraient en être issu·e·s, une répartition cohérente avec le poids de chacun des circonscriptions éligibles et non éligibles, ainsi qu’une répartition cohérente des financements de l’État.
Rencontrons-nous dans les jours qui viennent.
Salutations anticapitalistes
Le Comité exécutif du NPA