L’Université d’été du NPA a été l’occasion d’un débat entre différentes forces politiques de la gauche antilibérale et anticapitaliste.
Y étaient représentés le NPA, les Alternatifs, la Fédération, le PCF, le PG, les Objecteurs de croissance et le Forum social des quartiers populaires. Intitulé « Comment riposter ensemble ? », le débat portait à la fois sur les conditions de la rentrée politique et sociale et les élections régionales. Après un bref survol des terrains sur lesquels il nous faudrait être présents ensemble, en premier lieu pour mettre un terme aux licenciements, mais aussi préparer le contre-sommet de Copenhague et la mobilisation féministe du 17 octobre, et un court échange sur la question stratégique, la discussion s’est vite centrée sur les régionales.
Le NPA a réaffirmé la position qu’il avait exposée lors des différentes rencontres bilatérales en juin et juillet : dans un contexte de déplacement à droite d’une série de forces institutionnelles, confirmé par les manœuvres entamées en vue de la constitution d’une alliance de centre-gauche, nous sommes favorables au rassemblement de toutes celles et tous ceux qui refusent cette logique mortifère, sur la base d’un contenu de rupture avec le capitalisme, en toute indépendance du PS. Cette exigence d’indépendance n’est pas une coquetterie identitaire. C’est le seul moyen de reconstruire et préserver une gauche qui ne cède pas aux mirages de l’adaptation, jusqu’à sombrer avec armes et bagages dans un scénario à l’italienne. L'alliance contractée avec Prodi, qui allait de centre droit au PC a d'abord permis de défaire Berlusconi. Puis l'espoir a laissé place au dépit vis à vis de la politique de droite effectivement menée, faisant le lit de Berlusconi II. Aucun des partis de gauche engagés dans cette galère ne s'en est remis. Dans le contexte des élections régionales, cela signifie pour nous une exigence simple et claire : si nous ne prendrons aucune responsabilité dans une victoire de la droite aux prochaines élections, qui donnerait à Nicolas Sarkozy de nouveaux leviers pour appliquer sa politique, si nous voulons mener bataille pour qu’en dépit du mode de scrutin nos électeurs soient représentés, il est hors de question de cogérer les régions avec ceux qui ont choisi une logique d’accompagnement du système, exclu de cogérer les transports publics d’Ile de France avec Jean-Paul Huchon, de participer dans le Limousin à un exécutif qui vote des subventions à des entreprises qui aujourd’hui licencient, sans que le Conseil Régional ait le moindre moyen de récupérer ces fonds publics.
Le débat fut intéressant, même si bien des questions demeurent encore en suspens. Les Alternatifs ont affirmé la nécessité de listes indépendantes du PS au premier tour et leur refus de participer aux exécutifs régionaux à moins d’y être majoritaires. Le Parti de Gauche, moins à l’offensive qu’au mois de juin, a acté l’existence de deux projets inconciliables à gauche, et rappelé sa position au sujet de nécessaires listes indépendantes de ce qu’il appelle « l’autre gauche » au premier tour, mais n’a soufflé mot des exécutifs. Mais c’est sans doute au PCF que la question du choix stratégique est aujourd’hui posée avec le plus de force : il ne peut d’un côté expliquer qu’il refuse la logique de rassemblement de centre-gauche et faire comme si la question de l’indépendance vis-à-vis d’elle ne se posait pas aussi aux régionales, alors que ses élus ont le plus souvent à assumer le bilan des exécutifs sortants. C’est sans doute cette difficulté qui explique le décalage entre les positions de principe sur le nécessaire rassemblement de la gauche « de transformation sociale » et les aspects de défense partielle du bilan du mandat 2004-2010.
La discussion doit maintenant se poursuivre, notamment dans le cadre du groupe de travail commun proposé par le NPA en juin et à la chaleur de luttes dans lesquelles, nous l’espérons, nous nous retrouverons toutes et tous.
Ingrid Hayes