Alors que les débats autour du projet de loi « confortant le respect des principes de la République » (plus connu sous le nom de loi contre le « séparatisme ») continuent cette semaine à l’Assemblée, le pouvoir met en avant le meilleur d’entre eux, Darmanin, présenté comme leur arme secrète contre l’extrême droite…
Un pompier pyromane à l’Intérieur
Le pedigree réactionnaire de celui qui a remplacé Castaner à l’Intérieur en juillet dernier n’est plus à établir. Proche de Christian Vanneste, parlementaire poursuivi pour homophobie, Darmanin a marché avec La Manif pour tous dont il partage bien des positions. Il a été nommé à l’Intérieur alors qu’il est accusé par deux femmes d’avoir profité de sa position d’élu pour obtenir des faveurs sexuelles (la première plainte pour « abus de faiblesse » a été classée sans suite, la seconde pour « viol » et « harcèlement sexuel » est en cours d’instruction).
En pleine mobilisation contre les violences policières, née dans le sillage de la mort de George Floyd, Darmanin s’est posé en rempart contre la prétendue « haine anti-flic », poussant l’ignominie jusqu’à dire qu’il s’étouffait quand on parle de « violences policières ». Sa réponse à ces violences de plus en plus contestées, c’est « la loi de sécurité globale », c’est-à-dire le droit à la surveillance généralisée de la population… et l’interdiction de filmer les actes des forces de police !
Et pour saupoudrer le tout, la politique de Darmanin s’accompagne de discours et d’actes sans concession ni humanité pour les migrantEs, telle cette évacuation violente de la place de la République en novembre à Paris, où migrantEs et soutiens ont été violemment chassés dans les rues de la capitale.
Non à l’islamophobie d’État !
Pour qui en douterait, la loi « séparatisme » qui devrait être votée à l’Assemblée ce 16 février n’a pas grand-chose à voir avec le prétendu idéal républicain d’égalité entre touTEs. Ses principaux défenseurs, Darmanin en tête, ne s’en cachent même plus, présentant le texte comme un « médicament » devant permettre de soigner un « pays malade du séparatisme, dont le premier d’entre eux, le séparatisme islamiste qui gangrène notre unité nationale »…
Sans surprise, au lieu de s’attaquer au séparatisme qui gangrène l’égalité et les solidarités, celui des riches, le gouvernement dégaine une batterie de mesures ciblant les musulmanEs, tel cet article 4 fourre-tout qui permet toutes les instrumentalisations contre celles et ceux qui seraient accusés de « délit de séparatisme »…
En toute logique, cette politique entraîne les surenchères les plus racistes et réactionnaires à droite et à l’extrême droite, Rassemblement national en tête : plafond d’immigration voté par le Parlement, délit d’entrave à la fonction d’enseignantE…
Mobilisons-nous pour nos libertés et l’égalité des droits
L’air du temps est nauséabond, comme le montre l’attitude du Sénat qui, la semaine dernière, a rejeté l’article 1 de la loi bioéthique étendant la PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples de femmes et aux célibataires. Une véritable offensive contre les personnes LGBTI et l’égalité des droits.
Décembre a été marqué par de vastes mobilisations contre la loi de sécurité globale, mobilisations qui ont continué ce mois de janvier. De ces politiques qui visent à contrôler nos vies, à réprimer toute contestation alors que la colère monte contre l’incompétence de ce pouvoir à faire face à la crise sanitaire et sociale, nous n’en voulons pas ! Pour l’ensemble de son œuvre, Darmanin devrait dégager et toute sa politique avec lui. Il est tout sauf un rempart à la menace d’une extrême droite qu’au contraire il consolide et renforce. Pour nos libertés, contre l’autoritarisme et le racisme, l’heure est à la mobilisation de notre camp social et de ses organisations.
Le mardi 9 février 2021