Micro-trottoir 2012 c'est une série d'interviews de futurs votants à la présidentielle, par Coralie Delaume. C'est maintenant au tour de Dominique, dont le vote ira sans doute pour le NPA et son représentant Philippe Poutou. Une chose est sûre : au second tour ce sera tout sauf Sarkozy, qui est un « homme insupportable ».
Dominique a 61 ans. Enseignant-chercheur, il souhaite, lors de l’élection présidentielle de 2012, voter pour Philippe Poutou, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Coralie Delaume : Vous êtes partisan, pour l'élection présidentielle, du candidat du NPA, Philippe Poutou. Qu'est-ce qui motive votre choix ? Dominique : Philippe Poutou représente un courant dont je sais qu'il ne passera aucun compromis avec le Parti Socialiste, ni en termes d'alliances électorales, ni en termes de participation gouvernementale. Il est internationaliste... et fait confiance aux capacités d'émancipation des acteurs eux-mêmes. Le NPA — même en difficulté — est le plus proche de mes propres convictions C.D. : Justement, comme vous le dites, le NPA est en difficulté. Philippe Poutou est sondé entre 0 et 0,5%. La présidentielle étant une élection très « personnalisée », ne pensez-vous pas que le charisme d'Olivier Besancenot fait aujourd'hui défaut ? D. : Bien sûr, en termes de représentation, Olivier Besancenot était nettement plus adapté... mais son retrait est aussi lié aux erreurs politiques du NPA lors des dernières échéances électorales, notamment à son choix de l’isolement. Le choix de Poutou n'est pas facile à cause du vote utile à la gauche de la gauche, en faveur de Mélenchon. Mais le Front de Gauche charrie trop d'ambiguïtés en particulier quant à sa position par rapport au PS, et quant à son…son « nationalisme ». C.D. : Justement, si l'isolement a desservi le NPA par le passé, pourquoi vouloir à tout prix demeurer seuls. La « Gauche unitaire » n'a-t-elle pas choisi de s'éloigner de Besancenot pour donner sa chance à Mélenchon ? D. : Votre argument tape juste. D’ailleurs, les élections sont dans trois mois, donc je peux changer mon vote... Mais il me semble qu'au delà d'un ton qui passe bien, la campagne de Mélenchon, pour le moment ne se prononce pas sur le positionnement après les élections, reste sur des positions très protectionnistes, pas claires sur les institutions et les formes de lutte possible. Comme s’il s’emblait acquis que, le capitalisme étant en voie de décomposition, il suffisait d’attendre que le fruit tombe.. Bref, pour l’heure, je suis partisan de Poutou, mais je ne suis pas sectaire ! Par ailleurs, j’ajoute que j’aime bien la formation de Clémentine Autain, la FASE (fédération pour une alternative sociale et écologique). C.D. : Un rapprochement avec Lutte Ouvrière et Nathalie Arthaud vous semble-t-il possible ? D. : Ce serait souhaitable, mais il faut que je remonte loin dans mes souvenirs militants pour l'imaginer possible... l'histoire de l'extrême-gauche en France ne me rend pas optimiste... C.D. : Qu'est-ce qui différencie tant le NPA et Lutte Ouvrière (LO), et qui pourrait empêcher un rapprochement ? D. : Vu de loin, rien ! LO est resté fidèle à une histoire et une ligne politique très rigide : attendre que les conditions soient réunies pour une révolution socialiste « classique », demeurer un parti d'avant-garde, prendre le pouvoir, organiser la classe ouvrière. Par ailleurs, ses militants se méfient de toutes les tentations petites bourgeoises que constitueraient les luttes périphériques : féminisme, écologie… Le NPA — au moins dans ses intentions — se voulait ouvert aux différents courants de radicalisation : immigrés, femmes, écologie, altermondialisme... et surtout voulait expérimenter de nouveaux modèles d'organisation et de débat. Son échec est donc une très mauvaise affaire... C.D. : Vous parlez beaucoup d'internationalisme et semblez vous méfier de ce que vous appelez le « nationalisme » Mélenchon. La Nation n'est-elle pas le cadre idéal pour organiser la lutte sociale ? D. : Aujourd'hui les luttes doivent obligatoirement se penser européennes au moins...internationales dans certains cas... C.D. : N'y a-t-il pas un paradoxe entre l'idée révolutionnaire, et le fait de se présenter à une élection en respectant les règles « normales » du jeu démocratique ? D. : Oui, mais c'est un débat qui date un peu, car l’élection présidentielle est une tribune exceptionnelle pour de toutes petites formations, que personne n'entend sinon, dans les médias officiels. C.D. : Il semble peu probable que votre candidat soit au second tour en mai 2012. Que comptez vous faire alors ? D. : Pour le second tour je voterai contre Sarkozy, Le Pen ou Bayrou. Donc pour Hollande, Mélenchon ou… Poutou (!!)... C.D. : Vous seriez donc prêt à voter pour Hollande ? D. : Vous êtes vraiment dure… ! En tant qu’homme, Sarkozy est insupportable... pas Hollande.