Olivier Besancenot va au charbon pour les régionales. Après des semaines d'hésitations, et d'intenses débats internes au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le postier révolutionnaire a annoncé, dans Le Parisien du 20 janvier, qu'il sera tête de liste en Ile-de-France. Il laisse donc - provisoirement - sa place de porte-parole national à Pierre-François Grond, son bras droit.
Il n'avait pourtant pas envie d'y aller. Pas plus que lors des européennes de juin 2009. Il préférait se réserver pour la prochaine présidentielle. Etre toujours la seule figure de proue du NPA lui pèse, mais il a fallu pourtant qu'il s'y résolve : "J'ai eu la garantie que le boulot que je fais de soutien aux candidats en province serait assuré", glisse-t-il. Il semble surtout que ses amis l'aient pressé de s'engager à un moment où son parti traverse une mauvaise passe.
Car les sondages nationaux donnent des scores assez faibles au NPA. Comme lors des européennes, la concurrence avec le Front de gauche joue, pour le moment, en faveur des amis de Marie-George Buffet et de Jean-Luc Mélenchon.
L'Ile-de-France ne fait pas exception. Le NPA espère que le profil populaire du postier convaincra plus que celle de la tête de liste du Front de gauche, Pierre Laurent, numéro 2 du PCF. Cette région n'a pourtant jamais été favorable à l'extrême gauche : en 2004, les listes d'union LO-LCR avaient obtenu 3,9 %. Et selon le dernier sondage IFOP, une liste NPA obtiendrait aujourd'hui 4 % (réalisé du 7 au 11 janvier auprès de 1 050 personnes). "La structure du vote pour le NPA est jeune et ouvrière. Or, ce sont les premiers à s'abstenir", remarque Jérôme Fourquet, directeur de l'institut.
"Défi"
Le postier va devoir aussi affronter la popularité nouvelle des écologistes et de leur tête de liste, Cécile Duflot. C'est désormais elle qui bénéficie d'une image jeune et décalée. Elle qu'on invite sur les plateaux télé et les radios. Alors même si la popularité de M. Besancenot demeure élevée - 54 % d'opinions favorables dans le dernier tableau de bord de Paris-Match -, il joue gros. Le risque de faire un petit score handicapant sa campagne présidentielle de 2012 est réel. Il le sait. "La région n'est pas facile. Mais peut être pourrons nous surprendre et dépasser les 5 %", lance-t-il. "C'est un défi", confie un proche.
Un défi surtout pour sortir d'une image brouillée. Depuis que sa direction a été mise en minorité à la mi-décembre, le NPA n'a pas d'orientation nationale sur les régionales et les fédérations gèrent localement leurs accords. Résultat : dans trois régions, le NPA s'allie avec le Front de gauche ; dans trois autres, il part avec les amis de M. Mélenchon ; en PACA, avec les Alternatifs... Ailleurs, il se présente seul, avec le soutien du Mouvement des objecteurs de croissance.
En interne, l'absence de ligne trouble les militants et ça tangue. Les minoritaires, partisans de listes avec le Front de gauche, refusent de faire la campagne. L'amertume en gagne même quelques-uns qui se retirent sur la pointe des pieds. "Le choix de partir seul est pour moi l'expression de l'échec du projet NPA", écrit Leila Chaibi, démissionnaire de la direction nationale.
Avec cette stratégie à la carte, le "parti d'Olivier" n'est guère audible. La candidature de M. Besancenot est faite pour y remédier. "Seule l'Ile-de-France donne une visibilité nationale", explique M. Grond. L'objectif est de mener une campagne sur la ligne qui a fait l'identité du NPA, celle de la "gauche de résistance" en opposition à la gauche institutionnelle.
M. Besancenot va donc taper fort contre la majorité sortante : "Nous ne sommes pas d'accord avec le bilan de Huchon, ni sur celui du PCF et des Verts. Il faut une liste incarnant une politique de rupture", insiste M. Grond. Quant au second tour, pas d'alliance non plus. La consigne d'un vote "contre la droite" attendra l'entre-deux tours.
Sylvia Zappi