Epaulé par Olivier Besancenot pour son premier meeting en région parisienne, Philippe Poutou se veut le "seul vrai candidat anti-système". Peu à l’aise en tribune, le représentant du NPA a décliné les grands axes de sa campagne : "autogestion ouvrière" et "bouclier social".
Au moins les choses sont dites. Les élections ? "Ce n’est pas ce qui changera nos vies." Les meetings? "Ce n’est pas mon truc, cela ne m’éclate pas mais il faut le faire." Alors Philippe Poutou le fait. Devant une salle de 400 places assises largement remplie à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), celui qui se présente comme le "candidat inconnu" du NPA ou comme le "petit ouvrier de Province" a livré son premier meeting en région parisienne, là "où les vraies choses sérieuses commencent", comme le souligne Christine Poupin, porte-parole du parti.
A la tribune, Philippe Poutou prévient d’entrée : "Je n’ai pas le même style qu’Olivier Besancenot." Façon de déminer le terrain de la comparaison pour celui qui succède au micro à l’ancien candidat du NPA, toujours en verve pour dénoncer les "cinq années de merde" de Nicolas Sarkozy avant d’embrayer sur la crise du capitalisme et de conclure sur un appel à "une grève générale européenne".
Entre l’ex et le nouveau, le ton n’est pas le même mais le fond du discours – anticapitaliste- est identique. "Je ne suis pas son professeur", prévient Besancenot. "Je suis le facteur officiel de Philippe Poutou dans la campagne pour porter son message", assure-t-il avant le meeting. Comme Besancenot, Poutou fustige le capitalisme qui mène vers "la catastrophe sociale, humaine et écologique".
"Nous ne sommes pas que des mains pour produire, nous avons aussi un cerveau"
Dans un discours largement tourné vers le monde du travail, Philippe Poutou égrène les luttes salariales actuelles et propose sa solution : "l’autogestion ouvrière". "Nous ne sommes pas que des mains pour produire, nous avons aussi un cerveau. Les salariés, collectivement, peuvent prendre en main la production et les usines." Il convient donc "de se débarrasser des patrons, tout simplement".
Et également de "Sarkozy et de sa bande". Qu’ils "dégagent!", lance Poutou. Avec Sarkozy, "les riches s’enrichissent et l’Etat s’appauvrit". Dans la salle, la formule fait mouche mais le candidat, lui, s’embrouille. "Ah, il y a un mot qui me manque", bloque un instant Poutou. "J’ai perdu la ligne. Contrairement à Olivier [Besancenot] qui n’a qu’un papier, moi j’en ai vingt", souriait-il un peu plus tôt pour expliquer un autre blanc.
Le nez sur ses feuilles, Philippe Poutou enchaîne et propose son "bouclier social". "Interdiction des licenciements", SMIC à 1600 euros nets et retraite à 60 ans. Sans oublier l’"annulation de la dette illégitime" et l’"expropriation des banques, sans indemnité". Et sur sa lancée de garantir "la sortie du nucléaire en 10 ans". Autant de mesures "radicales", "anticapitalistes" qui n’ont "rien d’irréaliste", insiste celui qui plaide pour un "gouvernement des travailleurs". Peu à l’aise en tribune, Philippe Poutou promet de "faire entende la voix d’en bas, des frères et des sœurs de classe". A une condition au moins : avoir les 500 parrainages. "C’est une candidature qui ira jusqu’au bout. Si on n’a pas les clefs, on ira au pied de biche", jure Olivier Besancenot, demandant "aux partis institutionnels" de ne pas "faire obstacle" dans la collecte des signatures.