CAMPAGNE Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle était en meeting ce mardi soir à Villeurbanne. Même s’il n’obtient pas les 500 parrainages à temps, Philippe Poutou tient à faire entendre la colère de la classe ouvrière.
- Philippe Poutou a fait salle comble, mardi soir, au Centre culturel de Villeurbanne pour un meeting centré autour du pouvoir, de l’économie et de la paix.
- S’il n’est pas encore certain d’obtenir ses 500 parrainages d’ici vendredi, il tient à profiter de la campagne pour porter haut les combats de la classe ouvrière.
- Ses militants, jeunes et déterminés, apprécient son programme qui touche leurs préoccupations immédiates, comme l’emploi et les salaires.
Philippe Poutou sourit à son téléphone : Jean-Luc Mélenchon vient de lui donner son parrainage. Dans une petite salle du Centre culturel de Villeurbanne, ce mardi soir, le représentant du NPA à la présidentielle se prépare à un meeting pas commun, celui d’un « candidat à la candidature », sourit-il. « On en est à 442 parrainages ce soir. Comme il y a 5 ans, ça se décide au dernier moment. Des parrainages comme ceux de Mélenchon ou Lassalle montrent un geste démocratique, un respect qui fait du bien. Ça nous ferait très mal s’il ne nous en manquait que dix ! »
Si Philippe Poutou tient tant à ses 500 signatures, c’est aussi pour des raisons financières. « Le papier pour les bulletins de vote nous a coûté 800.000 euros, on a loué les salles de meeting… Tout est fait pour qu’on n’ose pas se présenter. » Mais il est là, pour sa troisième campagne, car « on a besoin dans une élection de gens qui critiquent le système. La plupart de nos problèmes sont la conséquence de la logique économique capitaliste, qui ne pense qu’au profit. Il faut sortir de ça, et défendre un monde différent, de solidarité entre les peuples, sans frontières pour les diviser. » La guerre en Ukraine est pour lui « un problème politique directement lié à l’impérialisme. Il y a urgence pour que la population s’autodétermine : que ce soit Poutine, Biden, l’UE ou l’Otan, il n’y a pas un seul dirigeant à qui on peut faire confiance. »
Un meeting qui appelle ses idées à gagner en crédibilité
Un peu plus tard, sur scène, Poutou déroule son programme avec fougue. Pendant trois quarts d’heure, sans notes ni respiration. L’ADN du NPA s’enchaîne. La critique du capitalisme, qui permet l’enrichissement des ultra-riches pendant que la population souffre de précarité. La répartition des richesses « qui est techniquement possible ». Le smic à 1.800 euros net, « le minimum si on veut vivre décemment aujourd’hui ». La retraite à 60 ans, « parce qu’on n’est pas des dingos du boulot ! Et c’est faux de prétendre qu’on vit plus longtemps, en tout cas pas dans les milieux sociaux pauvres ». Partager le travail « pour le réduire à 3 jours, 4 maximum ». La gratuité des transports et la réforme de l’agroalimentaire pour sauver la planète. L’abolition des frontières. L’appel à relever la tête, à se mobiliser. « Ce ne sont pas les élections qui vont changer la vie, ce sont les luttes, les révoltes et l’expression de la colère qui vont changer la vie », assène-t-il sous des applaudissements nourris.
Philippe Poutou conclut, lucide : « On ne vise pas le titre, même pas la finale. Mais notre score peut compter. Pas en pourcentage, mais en millions de voix. Ça peut redonner de la confiance, rendre crédible ce qu’on dit. On a besoin d’une gauche combative, anticolonialiste, antimilitariste, féministe, LGBTI, antiraciste, qui fait le lien avec toutes les luttes, qui combat toutes les oppressions ! Et ce sera le bonheur de mettre au moins ces débats-là sur la table. »
Des militants jeunes et déterminés à faire entendre leur voix
Le public qui remplit la salle est composé en majorité de jeunes de moins de 30 ans, tous masqués, téléphones rangés, attentifs et enthousiastes. S’il ne croit pas à ses chances, ses militants, eux, y croient. « J’espère qu’on aura les 500 parrainages car on est sur les routes depuis des mois, pour aller voir les maires dans la Loire, la Drôme », confie Louis, professeur d’histoire-géo à Villeurbanne, militant depuis cinq ans. « On a envie de faire entendre la voix de notre camp social, celui des travailleurs. Le programme de Philippe est proche des besoins réels de la population : l’augmentation des salaires, l’interdiction des licenciements… »
Elodie, 25 ans, ajoute : « Les discours des politiciens sont parfois un peu déconnectés, et nous, on veut parler des problèmes qui touchent les gens au quotidien : l’augmentation des prix, les salaires qui restent bas, les hôpitaux qui continuent de fermer des lits, les entreprises qui continuent de licencier… Beaucoup de gens se posent des questions plus larges sur le fonctionnement du monde. Quand on voit la guerre en Ukraine, ça inquiète et ça demande des réponses. »
« Il dit que ce n’est pas en votant pour quelqu’un qu’on changera les choses, mais c’est en unissant la classe ouvrière et en renversant le capitalisme qu’on arrivera à autre chose », ajoute Lucas, 26 ans, postier à Saint-Etienne. « Ce que Philippe porte, c’est qu’il faut gérer la société pour autre chose que la recherche du profit : pour le vivre-ensemble, pour partager le temps de travail et les richesses. Pour qu’on puisse tous vivre plus sereinement. »