Publié le Samedi 31 mars 2012 à 12h11.

Face aux militants, Besancenot remotive les troupes et défend la stratégie

PARIS, 30 mars 2012 (AFP) - A trois semaines du premier tour de la présidentielle, Olivier Besancenot prend son bâton de pélerin pour épauler le candidat du NPA Philippe Poutou. Jeudi soir, dans un restaurant parisien, il a tenté de rassurer les militants sur la stratégie du parti.   Une banderole "Nouveau parti anticapitaliste" est tendue entre deux arbres. La "Crêperie de Carnac", près de la place d'Italie (XIIIe arrondissement), accueille une centaine de militants du NPA pour une "réunion locale".   A l'entrée, Fanny, 20 ans, étudiante en géosciences: "J'hésitais à voter Mélenchon, c'est assez séduisant d'avoir quelqu'un qui monte", dit-elle, mais le "NPA reste un parti fidèle à ses convictions, la crise leur donne raison".   Elle est un peu déçue car elle pensait voir Philippe Poutou, mais il n'y aura qu'Olivier Besancenot, le "vrai candidat" étant lui à Nantes.   Le facteur a l'air un peu absent en écoutant les intervenants avant lui. Mais le micro en main, "Olivier", son éternelle veste en cuir sur les épaules, s'anime. Debout, il s'insurge contre ce qu'il considère comme le "best-of du maximum d'une campagne décalée" par rapport aux préoccupations des citoyens.   Le verbe toujours aussi acéré, il étrille le président-candidat et sa "baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs" annoncée lundi, raille la "vie d'une austérité extrême" prêtée à Nicolas Sarkozy par son ministre Claude Guéant.   Et le PS? Il n'a "aucune illusion" dessus: "Un type (ndlr: François Hollande) qui dit qu'il veut +donner du sens à la rigueur+, il ne va pas faire transpirer le Cac 40!".   Mais après le temps des critiques vient celui de l'auto-critique : "Comment se fait-il que la crise ne profite pas plus aux anticapitalistes?", s'interroge-t-il. En creux, outre le manque de "victoires sociales", transparaît un autre problème, l'unité. "Il faut être unitaires pour mille", implore M. Besancenot.   L'après-midi même, une semaine après l'appel de trois dirigeants du parti à voter pour le candidat du Front de gauche (FG) Jean-Luc Mélenchon, ce sont cette fois-ci des responsables locaux du NPA qui donnent sur Médiapart la même consigne de vote.   M. Besancenot n'y voit qu'un "point de vue extrêmement minoritaire dans le NPA", et appuie sans faille la candidature de Philippe Poutou, qui stagne autour de 0,5% dans les sondages: "Moi je suis son facteur attitré, j'en suis très fier".   Dans l'assistance, pourtant, on s'interroge ouvertement, lorsque viennent les questions, sur l'attitude à avoir face au FG, qui lorgne sur les 4% de voix du NPA en 2007. "Je fais campagne pour la gauche unitaire, il faut d'abord virer Sarkozy", dit l'un. "J'ai du mal à saisir la rupture essentielle avec le Front de gauche", appuie un autre.   "Olivier" reconnaît au FG une "dynamique", qu'il dit même ne pas "voir d'un mauvais oeil", "si ça permet de populariser des solutions qu'on était pratiquement les seuls à défendre.   Mais "il faut voir la suite de l'épisode", poursuit-il. "Jean-Luc Mélenchon dit qu'il n'ira pas dans un gouvernement PS, soit !", mais la vraie question est la suivante: trouvera-t-il sa place "dans un front d'opposition à la gauche" d'un futur gouvernement de François Hollande?   La rencontre est finie, dehors on décapsule les bières en refaisant le match. Aurélien, 30 ans, militant NPA, trouve "super d'avoir Olivier, il soutient à fond Philippe, qui en prend de la graine".   Certes, il "préfère 20% pour Mélenchon que 40% pour Hollande". Mais cela n'empêche: "L'union de la gauche, c'est que des mauvais souvenirs". Sa gauche à lui, il l'assure, restera indépendante.   gd/mad/bg

Guillaume DAUDIN