CANTE (Ariège), 28 jan 2012 (AFP) - Deux militants du NPA sillonnent les routes de campagne d'Ariège à la rencontre des maires, pour grappiller des parrainages pour leur candidat à la présidentielle, Philippe Poutou: un casse-tête pour ces véritables missionnaires laïcs. "Nous avons commencé dès septembre", et après quelque 100 mairies visitées, "nous avons obtenu 6 promesses, ce qui est pas mal", note Claude Marc, ancien professeur d'éducation physique, au volant de sa petite voiture au côté de Daniel Cros, chauffeur de bus scolaire. La fédération de la Haute-Garonne du NPA, qui couvre également l'Ariège, a ainsi lancé sur les routes une vingtaine de personnes pour arracher un engagement des maires à parrainer leur candidat. Pour labourer le terroir, ces militants ont reçu de la direction du parti un argumentaire pour répondre aux questions des élus. Ensuite, chacun doit utiliser son propre véhicule, payant son essence, ses repas, ses frais annexes. Ce jour, Claude et Daniel se sont fixé de frapper à la porte de plusieurs mairies autour de Saverdun. Sur leur carte de la région, plusieurs points sont noircis comme Esplas (97 habitants), Canté (205), Labatut (134), Brie (178)... A Canté, la porte de la petite mairie est ouverte. Le maire, Philippe Bisognin, déjà en tenue pour travailler ses champs, reçoit les deux militants mais les décourage rapidement: "Je suis UMP, alors je ne vais pas parrainer le NPA", leur répond-il en acceptant toutefois la discussion. "Et de toute façon,je n'aurais pas envie que ça se sache...", lâche-t-il. "La plupart du temps, on est bien reçus", admet Claude Marc. "Mais souvent, nous enregistrons très vite une fin de non-recevoir: ils ont déjà parrainé un parti, ils craignent la publicité, d'autres disent qu'ils enparleront au conseil municipal..." Les militants, qui avaient déjà fait campagne pour Olivier Besancenot, concèdent que leur tâche est plus difficile avec le manque de notoriété de Philippe Poutou. A Labatut, la mairie est fermée, et la difficulté réside alors à trouver un passant, ou une habitation où demander où vit le maire. Sur le pas de sa porte, chaussé de pantoufles, Jean Pedoussaut, "encarté au PS", admet qu'il a déjà donné sa signature. Le système des parrainages "n'est pas juste", admet-il, mais "il y a trop de petits partis". Au Vernet, dans la petite mairie pimpante à la façade en briques et galets, la secrétaire fait barrage: "Il faut prendre rendez-vous". Elle téléphone tout de même au maire, qui est à son domicile, "malade". A Brie, la mairie est fermée et l'édile n'est pas chez elle. "Lorsque le maire n'est pas là, explique Claude Marc, on laisse les documents dans la boîte aux lettres: une lettre explicative, une lettre de M. Poutou, un formulaire de promesse de signature, et la prise de position duprésident de l'Association des maires de France (AMF) Jacques Pélissard (UMP) rappelant que "le parrainage n'est pas un vote en faveur de lun ou lautre candidat". Pour le maire d'Esplas, Laurent Champourcy, "les militants ont effectivement plus de chances de ramasser des voix en allant voir des gens qu'en mettant des papiers dans la boîte aux lettres : le courrier, je ne le lis pas". Mais les deux militants repartiront bredouilles: "Je ne ferai pas de parrainage", annonce d'emblée M. Champourcy. Après 1.500 km parcourus depuis septembre, Claude Marc et Daniel Cros, encouragés par les "385 promesses déjà obtenues" par le NPA sur les 500 nécessaires, "ne sont pas découragés". "On se battra, parce que je pense que politiquement, pour la démocratie, c'est juste que le NPA ait un candidat, qu'il puisse défendre nos idées de manière plus visible", assure Claude Marc. "On va tenir jusqu'à la fin si c'est nécessaire", lance-t-il en redémarrant vers une autre mairie. gcv/ap/fm