BORDEAUX, 24 août 2011 (AFP) - Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle de 2012, a deux préoccupations immédiates : ne pas renoncer à son emploi d'ouvrier et "vaincre ses inhibitions" avant d'aborder la campagne électorale. "Je veux rester près des collègues, ils me sont indispensables pour tenir la route", dit à l'AFP Philippe Poutou, 44 ans, ouvrier depuis 15 ans à l'usine Ford de Blanquefort (Gironde), qui fabrique des boîtes de vitesse. Le candidat a tout prévu : "Je vais jouer avec les congés. Quatre jours de travail par semaine et une journée de congé sans solde pour les meetings qui ont lieu dans la région. Après, on va s'adapter. Je sais déjà que j'ai droit à un congé spécial de cinq semaines avant l'élection". Mais, pour Philippe Poutou, le plus dur est ailleurs, plus intime. Le voilà propulsé, après le renoncement du très médiatique Olivier Besancenot à la candidature, sur la scène politique. "Je ne m'y attendais pas, je ne suis pas un orateur, Olivier était tellement bon qu'il prenait toute la place, moi je dois vaincre mes inhibitions. Parler à la radio ou dans un meeting, ça me fout la trouille". Pourtant, Philippe Poutou ne veut pas entendre parler de "training" avant d'affronter la campagne. "Des camarades me conseillent de répéter mes textes avant de paraître en public, de soigner mon image, de m'entourer de spécialistes mais, moi, je veux garder ma spontanéité. Le côté acteur d'Olivier, je ne l'ai pas, je suis beaucoup plus réservé mais je sais ce que j'ai à dire", relève-t-il. Il assure être prêt pour "le combat" s'il obtient les 500 parrainages requis. "Je bénéficie d'abord de l'expérience d'Olivier mais aussi d'Alain (Krivine, l'un des fondateurs du NPA), qui me "déstressent" complètement. Nous sommes régulièrement en contact et j'essaye de les voir aussi souvent que possible. Le plus difficile, c'est de faire coïncider nos horaires. Olivier travaille tous les matins à La Poste et, moi, c'est pareil, je suis chaque jour à l'usine de 6 à 14H00", explique le candidat. Pour ce qui est du programme politique, il ne varie pas. La posture révolutionnaire est toujours de mise. Quitte à se fâcher avec les syndicats notamment la CGT dont Philippe Poutou est secrétaire chez Ford/Aquitaine. "La CGT dit qu'il faut savoir s'arrêter, ne pas atteindre le point de non retour, nous, on n'est pas d'accord avec ça". Pour lui, la révolution tunisienne peut servir de "modèle". "Là-bas, il ont démontré qu'on pouvait mener un mouvement de fond sans violence et ça vaut le coup de vouloir tout changer, d'avoir en tête de lutter constamment contre la résignation". A la question de savoir ce qu'il ferait s'il devenait président, Philipp Poutou répond pêle-mêle: "J'augmenterai le SMIC, je légaliserai les sans-papiers, je ferai en sorte que la population ait une véritable emprise sur les décisions et, sur le plan international, j'annulerai toutes les dettes publiques". Pour l'heure, il faut, selon lui, lutter contre la réduction des budgets sociaux qu'engendre la crise, et pour la disparition des frontières d'où rappelle-t-il, "notre soutien à l'entité européenne et à la monnaie unique". Le retrait de Besancenot a fait du tort au NPA. Selon Philippe Poutou, les intentions de vote en faveur du NPA n'excèdent pas 1% quand son prédécesseur avait dépassé les 4% lors du dernier scrutin présidentiel. "Si, au final, on obtient moins de 3%, ce sera compliqué pour nous", dit-il. "Tout va dépendre, affirme-t-il, du climat social à la rentrée. Nous, on veut établir un rapport de force qui contraigne le pouvoir à aller dans le sens des forces populaires. Ca vaut la peine d'y croire". jeb/lab/sm/bfa