Publié le Lundi 16 mars 2009 à 23h08.

Le NPA accusé de politiser le mouvement social, le PS prudent

PARIS, 16 mars 2009 (AFP) - A trois jours d'une nouvelle grande mobilisation sociale face à la crise, le NPA d'Oliver Besancenot est accusé de vouloir récupérer et politiser le mécontentement, alors que le Parti socialiste veut s'en tenir à un traditionnel rôle d'accompagnement.

Le patron de la CFDT François Chérèque a estimé dimanche que le jeune leader du NPA et ses militants qui "font le tour des entreprises en difficulté", sont "un peu rapaces". Qualifiant les propos du numéro un de la CFDT de "pas très dignes", Olivier Besancenot a riposté: "Si François Chérèque est surpris de voir des militants anticapitalistes à la sortie des entreprises, il va falloir qu'il prenne sur lui parce qu'il va en voir de plus en plus". Alain Krivine, leader historique du mouvement, dénonce une "offensive" contre le tout nouveau mouvement liée à une "situation explosive dans le pays". La droite "a peur de l'explosion sociale et comprend le risque du NPA".

Défendant la "révolte légitime de salariés à bout", le NPA pousse à la radicalisation: il plaide pour une "grève illimitée et reconductible", appelant à prendre exemple sur la Guadeloupe. Le Figaro accusait en tout cas lundi en "une": "Besancenot et l'extrême gauche veulent politiser la grève de jeudi". La rhétorique semble séduire: Olivier Besancenot caracole en haut des sondages parmi les personnalités les plus populaires. Pour Alain Krivine, "l'écho du NPA est lié à la conjugaison de deux facteurs: le ras-le-bol de la population face à politique de Nicolas Sarkozy et la passivité de la gauche traditionnelle, obsédée par les élections" et "engluée dans la préparation des Européennes et de la présidentielle". Mais il balaie l'idée d'un coup de pouce de la droite pour doper le NPA et affaiblir le PS: "ils ne peuvent pas jouer avec le feu dans une telle période de crise sociale" alors qu'ils craignent "des mouvements incontrôlés".

Pour Gaël Sliman, directeur de BVA opinion, c'est pourtant "le même caillou dans la chaussure qui est en train de se créer pour le PS que ce qu'a eu la droite avec le Front national pendant des années". Selon lui, "ceux qui favorisent Olivier Besancenot ce sont involontairement les socialistes. Le PS tarde à revenir sur le devant de la scène, malgré ses récents progrès". Selon lui, "ce qui est très inquiétant pour le PS, c'est qu'Olivier Besancenot est en train de créer une crédibilité d'action". Cantonné jusqu'à présent dans la dénonciation, désormais "il est devenu à gauche celui dont on pense qu'il peut changer les choses". Pour l'analyste, le "PS doit se faire entendre à tous les niveaux" et "illustrer sa stratégie de parti qui est capable de s'opposer et de proposer", tout "en accompagnant les mouvements sociaux".

A droite, le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a en tout cas inclus dans la catégorie "rapaces" le socialiste Laurent Fabius, pour avoir prévu des "révoltes" sociales au printemps.

Le PS va en tout cas de nouveau battre le pavé jeudi, comme déjà le 29 janvier: Martine Aubry participera au défilé à Lille, le porte-parole Benoît Hamon et d'autres leaders PS à Paris. Pour Razzy Hammadi, de l'aile gauche du PS et membre de la direction, l'enjeu pour le PS "n'est plus seulement d'être audible en tant que force d'opposition" mais d'être "une alternative crédible et engageante". Il s'agit "de refonder notre orientation politique", dit-il alors que selon un dernier sondage IFOP 76% des Français jugent que le PS n'a pas de réponses à la crise économique.

em/so/DS