Reportage : Le petit parti d'extrême gauche, qui tient depuis dimanche sa première université d'été à Port-Leucate (Aude), espère profiter d’une alliance Modem-PS.
Au Nouveau parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, le cliché proposé par Vincent Peillon à Marseille fait franchement rigoler. «J’ai vu la photo dans le journal, c’est assez ridicule de les voir tous alignés comme ça…» glissait hier, un militant, entre deux débats de l’université d’été du parti, dans la chaleur des tentes blanches installés à deux pas de la plage de Port-Leucate (Aude).
Bronzé et prêt pour son meeting de rentrée, Olivier Besancenot y voit une confirmation de son diagnostic : «C’est une union de centre gauche que je vois arriver gros comme une baraque !» Pas de doute pour le porte-parole du NPA : le PS prépare un coup à l’italienne. Un rassemblement des centristes aux communistes comme l’avait fait Romano Prodi pour battre Silvio Berlusconi en 2006. «On doit assumer une gauche de rupture, contester l’hégémonie du PS», propose Olivier Besancenot.
Flirt. Surtout, le NPA voit sa stratégie d’alliance pour les régionales de mars prochain renforcée : d’accord pour des listes communes dès le premier tour avec «les forces anticapitalistes», à condition qu’elles soient «clairement indépendantes du PS», c’est-à-dire que ses élus refusent de gouverner les régions avec les socialistes. «On ne peut pas être un trait d’union entre la gauche radicale et celle de gouvernement, explique le postier. Regardez le résultat en Italie ! Cette stratégie a créé beaucoup d’espoirs mais, au final, tous ont été contraints de soutenir une politique de droite dans le gouvernement Prodi. Résultat, Berlusconi est revenu au pouvoir mais il n’y a plus d’opposition politique !» Message adressé aux dirigeants du PCF.
Les communistes souhaitent, eux aussi, dans le cadre du Front de gauche - lancé pour les européennes avec le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon - faire l’union, dès le premier tour, des forces politiques à la gauche du PS. Mais le parti de Marie-George Buffet, qui cogère de nombreuses régions avec des présidents socialistes, est loin d’avoir renoncé à des accords entre les deux tours (voire dès le premier) avec le PS pour rester dans les exécutifs régionaux. Un flirt trop pressant du PS avec le Modem pourrait-il alors convaincre les responsables PCF de passer d’une autonomie souhaitée à une indépendance assumée ? Pas sûr. Surtout que la décision reviendra aux militants dans chaque région. Mais le rapprochement PS-Modem a eu le don d’exaspérer les dirigeants de la place du Colonel-Fabien. «Le spectacle donné, ici par une alliance d’une partie de la gauche avec une partie de la droite, là-bas par le casting pour 2012 sur fond d’inflation des ego à défaut des idées, est désespérant et dangereux», a réagi hier l’un des porte-parole PCF, Olivier Dartigolles.
«Fusions». Aujourd’hui, des responsables du PCF et du PG seront présents dans l’Aude pour venir débattre et (peut-être) rapprocher leurs points de vue. Tous sont déjà désormais d’accord sur une stratégie nationale. «Pas de géographie variable», prévient Besancenot. Sauf pour des «fusions techniques» au second tour. En cas de listes à plus 5 %, le NPA est toujours prêt à fusionner avec le PS pour battre la droite. A condition (évidemment) que le Modem ne soit pas de la partie.
Par Lilian Alemagna (envoyé spéciale).