Le Nouveau Parti anticapitaliste n'a pas trouvé de remplaçant à Olivier Besancenot. Le conseil politique national, réuni samedi 14 et dimanche 15 mai à Nanterre (Hauts-de-Seine), devait désigner son nouveau candidat pour 2012. La direction avait même avancé celui de Myriam Martin, une des deux nouvelles porte-parole de l'organisation. Mais après deux jours de débat, la majorité a explosé et repoussé le moment du choix.
C'est un nouvel épisode de la crise qui secoue le NPA depuis l'annonce du retrait d'Olivier Besancenot, le 5 mai. Le leader révolutionnaire avait expliqué à ses camarades qu'il voulait"passer le relais à un(e) autre camarade", refusant d'être candidat une troisième fois. Pour lui, la présidentielle n'est plus l'essentiel car"la révolution ne se fait pas par les urnes", comme il le dit dans un entretien à Mediapart.
Après le choc, la direction avait tenté de sortir de ce mauvais pas en proposant à ses cadres de continuer d'afficher une volonté de trouver une"candidature du mouvement social", de poursuivre les discussions avec le Front de gauche pour éviter de se laisser enfermer dans une image sectaire. Elle avait avancé le nom de Myriam Martin, en expliquant que si le NPA parvenait"à lever les obstacles au rassemblement anticapitaliste que nous appelons de nos voeux", la candidature serait retirée.
La proposition avait le mérite de se donner un verni unitaire."Nous ne voulons pas fermer la porte à cette gauche très réticente à toute participation gouvernementale avec le PS", explique un membre de l'exécutif. Les cadres du parti n'ont pas voulu de cet entre-deux.
Emmenée par Christine Poupin (l'autre porte-parole) et Sandra Demarq, une partie de la majorité a rejoint la minorité identitaire, partisane d'arrêter les négociations qu'elle juge vaines avec le Front de gauche et de lancer tout de suite une candidature NPA "pur jus". Le vote sur cette option a obtenu 85 voix contre 64, renversant ainsi la majorité.
Le vote a aussi fait voler en éclat le noyau dirigeant autour d'Olivier Besancenot. L'ex-candidat s'est désolidarisé de ses plus proches tels Pierre-François Grond ou Frédéric Borras, accusés par certains d'être "vendus au Front de gauche". Rejoignant les plus identitaires, Olivier Besancenot, Alain Krivine, Christine Poupin et Sandra Demarq ont fait basculer la fragile majorité issue du congrès."C'est une nouvelle étape de la crise. On est reparti sur une tendance isolationniste", regrette un membre de la direction."C'est la logique du regroupement des révolutionnaires qui est en train de prendre le dessus. Ce n'est pas le projet initial plus ouvert du NPA", remarque un autre dirigeant.
La nouvelle majorité dément toute crise."Il y a un large accord dans la direction sur l'essentiel : préparer la candidature du NPA", explique Christine Poupin."La candidature du mouvement social, personne n'a de nom à proposer. Et il n'y a pas d'accord possible avec le Front de gauche", assène-t-elle. Il faut donc maintenant que le parti se consacre à la mise en place de cette candidature et à la collecte des 500 signatures.
Aucun nom n'est sorti cependant de la réunion. Une commissionad hoca été mise en place pour faire une proposition aux militants qui se prononceront lors d'une conférence nationale les 24 et 25 juin.
Sylvia Zappi