A la raffinerie Total de Donges en Loire-Atlantique, certains salaires ne seraient pas versés depuis deux mois. 58 employés de CIPA, pour la plupart roumains ont cessé le travail depuis 4 jours. Ce jeudi Philippe Poutou, candidat NPA à l' élection présidentielle, est venu à leur rencontre.
C'est une visite qui lui tenait à coeur, Philippe Poutou, candidat NPA à la présidentielle est venu ce jeudi 3 février soutenir les salariés de CIPA, sous-traitant de la raffinerie Total de Donges en Loire-Atlantique. Une rencontre avant une réunion publique à Saint-Nazaire.
Face à l'ouvrier au chômage mais en campagne, 58 salariés. 54 Roumains et 4 Italiens. Des employés qui attendent d'être payés depuis des semaines voire des mois.
"C'est la troisième fois en 6 mois que les travailleurs sous-traitants de la société CIPA qui construisent la nouvelle unité de raffinage à Donges sont totalement bafoués", s'insurge le secrétaire syndical CGT de la raffinerie. "En juin et en juillet dernier c'était déjà la même chose."
"Ce sont toujours des salariés différents. Ils les font travailler 6, 8 semaines et puis ensuite ils les renvoient chez eux et ils en prennent d'autres", tempête Fabien Privé Saint-Lanne. "En fait, ils payent les salaires quand ils en ont envie."
"S'ils repartent maintenant ils ne toucheront jamais leurs salaires"
Dans le collimateur de la CGT, la société CIPA mais surtout le groupe total. Ce jeudi, pour le quatrième jour les travailleurs ont cessé toute activité. Ils se sont regroupés devant le local syndical. "Certains arrivent à échéance de leur contrat. S'ils rentrent maintenant ils ne reverront jamais leurs salaires."
Les 58 salariés roumains et italiens de la société CIPA attendent d'être payés depuis des semaines • © Fabien Privé Saint-Lann
Le syndicat a saisi l'inspection du travail. "Nous avons l'assurance qu'il y a bien un tas d'irrégularités manifestes." Fabien Privé Saint-Lann explique avoir pris contact avec l'ambassade de Roumanie. "Ils nous avait déjà contacté au mois de juin en apprenant par voie de presse qu'il y avait des problèmes avec leurs compatriotes. Nous avons aussi bien évidemment interpellé la direction générale et la direction de total. Pour l'instant rien pas de réponse."
"Pour nous la responsabilité pleine et entière c'est celle de Total. Je rappelle que c'est la troisième fois sur le site que cela se reproduit avec la même société. De deux choses l'une : soit Total accepte que des entreprises qui ne respectent pas le droit de travail et qui ne payent pas les salariés évoluent sur leur site industriel en toute impunité, soit Total n'a pa pris les garanties nécessaires dans les négociations avec le sous-traitant pour vérifier qu'il ait les reins assez solides".
Soit il y a un défaut contractuel soit c'est un choix délibéré et les dirigeants de Total s'en foutent
Fabien Privé Saint-Lann, secrétaire de la CGT raffinerie de Donges
Côté bulletins de salaire, c'est le flou artistique. "Il y a par exemple un salarié qui a un contrat de deux jours et à la ligne salaire, on lit quoi ? ben zéro euro", ajoute le responsable syndical.
Et aux dires de la CGT des irrégularités comme celles là sont légion. "Il y a même des primes qui leur ont été promises oralement, donc qui ne figurent nulle part. Ce sont des partons voyous !"
Dans un tel contexte, Philippe Poutou était comme un poisson dans l'eau. "Il a insisté sur l'urgence de l'harmonisation du droit du travail en Europe et à renforcer les règles pour éviter tout dumping social entre les pays et les travailleurs."
Le syndicat devrait multiplier dans les jours qui viennent les courriers aux politiques et au pouvoirs publics. Et les salariés attendent des réponses.
"Est-ce que Total aujourd'hui acte le fait que certains de ses sous-traitants continuent à ne pas payer les ouvriers et à s'asseoir sur le droit du travail ? Avec 15 milliards de bénéfices en 2021, on peut imaginer que cette entreprise a les moyens de s'assurer que les travailleurs aient des conditions sociales acceptables. C'est à Total aujourd'hui d'assumer ses choix en matière de sous-traitance", conclut le syndicaliste.