Le problème, ce n'est pas l'Europe ou l'euro. C'est le capitalisme. C'est lui qu'il faut supprimer.» Philippe Poutou annonce la couleur. Ce sera rouge vif. Plus rouge que la cravate de Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et pas le même rouge que le petit haut de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière). Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), de passage hier à Angoulême, a détaillé le programme pour la présidentielle. Puisqu'il sera en piste avec tous ses parrainages: «On en a déjà 240 à 250.»
Le programme. Sortir du capitalisme. Et tout d'abord exproprier les banques pour mettre en place un monopole bancaire national avec contrôle de la population sur le système. Ensuite, il faut réformer en profondeur le système fiscal. «Ce n'est quand même pas aux ouvriers, aux jeunes, aux chômeurs de payer la dette. Il faut faire payer les plus riches, car le système actuel est profondément injuste.»
L'énergie. «Il faut sortir du nucléaire dans les dix ans qui viennent, stopper les plus vieux réacteurs et mettre en place une autre politique qui s'appuie sur les économies d'énergie, un développement des transports publics, les énergies éolienne et solaire. Surtout, il faut sortir l'énergie de la logique actuelle de rentabilité. D'où la nécessité d'exproprier des entreprises comme Total ou Areva.»
Des pistes qui devraient permettre une convergence avec le mouvement des Indignés que Philippe Poutou dit «parfaitement comprendre, même s'ils se méfient des structures politiques». «L'essentiel, c'est de parvenir à coordonner tous ces mouvements qui refusent la logique capitalistique.»
Pour un nouveau Mai 68? «Oui ça va exploser, on le sait. À cet égard, 2011 a été plutôt un bon millésime avec les révolutions des pays arabes et les refus des populations grecque ou espagnole de payer la dette des états.» Et en France? «L'occasion manquée en 2010 avec la réforme des retraites a entraîné une perte de confiance dans l'action collective. Les gens sont désabusés.»
Sarkozy ou Hollande? «Il faut gicler Sarkozy, c'est évident. Mais pour autant, on n'a rien à attendre de Hollande et de la politique d'austérité de gauche qu'il mettra en place. La lutte sera plus que jamais d'actualité.»
Patrick Servant