Reportage : Radicalité. Lors de son université d’été, le NPA entend franchir un nouveau cap.
NPA, acte II. Près de huit mois après leur congrès fondateur, les troupes du Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot sont priées de passer la vitesse supérieure. Et la première université d’été de l’ère NPA, en bord de plage à Port-Leucate (Aude), est là pour remobiliser des militants, en shorts, sandales, maillots et bracelets… rouges, bien sûr.
Après le piètre score obtenu aux européennes (4,9 %), pas de gueule de bois certes, mais entre guitares, bières et débats, reste un petit goût amer chez certains. Pour son meeting de rentrée, dimanche soir face à un bon millier de personnes, Olivier Besancenot a été clair : tout le monde sur le pont. «Plus de régularité»,«plus de constante militante».
«Marathon». Il veut plus d’implication de la part des militants : «On doit se retrouver avant et après les luttes», a expliqué le porte-parole du NPA. Et prévenu ses camarades : «On est parti pour un vrai marathon. Il va falloir trouver de l’endurance.» Un NPA à court de souffle ? Le facteur redouterait-il toujours cette satanée vague de départs des nouveaux militants déçus, rumeur lancinante qui traîne depuis le début de l’été ?
Pas d’inquiétude pour Alain Krivine : «Regardez, il y a plus de 1 400 participants à cette université d’été, et je n’en connais même pas la moitié !» plaisante le leader historique du parti. Reste que la direction le sait : s’il ne veut pas voir partir ses nouveaux militants et redevenir un groupuscule, le NPA doit «continuer à s’élargir», explique Besancenot. Symbole de cette ouverture en direction des syndicats, associatifs et sans-parti, l’université d’été met en avant cette année «l’écosocialisme» et les quartiers populaires. Et pour attirer le chaland anticapitaliste et l’initier à la lutte féministe, des cours de «salsa antisexiste» ont même été programmés. «Il nous faut de la diversité», explique Krivine. «Pour faire pénétrer davantage nos idées dans la société», ajoute Besancenot.
Les adversaires sont toujours les mêmes : Sarkozy, le gouvernement, les patrons. Les slogans («Taxons les patrons»,«Nos vies valent plus que leurs profits») n’ont pas changé. Mais après la création de l’outil (le parti) et sa médiatisation, place à la «visibilité du projet politique».«Il ne faut pas que l’on reste simplement "sympathique", défend l’ancien de Mai 68. Il faut donner une crédibilité au NPA en terme de contenu parce que sinon, on jette nos électeurs dans les bras du centre gauche.»
«Minimum vital». Ça tombe bien. Invités pour débattre, hier, dans une salle bondée, les représentants du PCF et du Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon font le pari du «contenu» pour rassembler la gauche du PS pour les régionales de mars prochain. «Si on veut se rassembler, on a besoin de prendre point par point ce qui peut nous rassembler», a lancé le porte-parole du PCF, Patrice Bessac. «Les choses qui nous rassemblent sont plus fortes que celles qui nous divisent», a tenté de rassurer le délégué général du PG, François Delapierre. Réponse du NPA : OK pour discuter dans des «groupes de travail» mais avec un «minimum vital» : l’indépendance totale vis-à-vis du PS.
Difficile pour des communistes et des anciens socialistes d’accepter cette condition préalable. Et question symbole, hier, contrairement à 2005 où les leaders du non de gauche au référendum sur le traité constitutionnel européen étaient venus trinquer ensemble à Port-Leucate, ni la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, ni le président du PG, Jean-Luc Mélenchon, n’étaient présents. Pour la photo de famille de la gauche de la gauche, il va falloir encore attendre.
Par Lilian Alemagna.