Le candidat du NPA est à Nice ce vendredi, en campagne contre la droite et le capitalisme mondial mais annonce déjà une riposte sociale si Hollande est élu
Crédité d'un petit 1 % d'intentions de vote, Philippe Poutou, l'ouvrier d'usine candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) à la présidentielle, poursuit sa campagne. Il est aujourd'hui à Nice où il participera ce soir, à 19 heures, à une réunion publique au 27 rue Smolett (salle FSGT).
Aurez-vous les 500 parrainages ?On en est à 430 et on espère bien avoir les 500 car c'est la seule option possible. Il reste un gros travail à faire car il y a toujours quelques petites pertes au moment de la conversion entre la promesse et le document officiel.
Pourquoi est-ce si difficile de les obtenir cette année ?On en parle plus mais pour nous ce n'est pas plus difficile que la dernière fois. Il y a cinq ans, la veille du dépôt des signatures, on n'était pas sûr d'avoir les 500. Pour nous, c'est toujours difficile.
Êtes-vous pour l'anonymat des parrainages ?On n'est pas certain que ça change grand-chose. En revanche, c'est la loi qu'il faut changer. Au NPA nous défendons l'idée que la population puisse valider des candidatures, après avoir fixé un seuil acceptable, plutôt que des élus qui n'ont pas envie de le faire.
Seriez-vous choqué si Marine Le Pen n'avait pas ses parrainages ?Choqué non. Nous combattons les idées de Marine Le Pen mais il serait anormal, pour elle comme pour nous, de ne pas être représentés. La démocratie doit être appliquée à tout le monde.
Pourquoi n'avez-vous pas rejoint le Front de gauche comme le suggèrent certains au NPA ?Ces débats nous fragilisent. On a la candidature d'un salarié et toute la légitimité pour être présents, mais on est un peu gêné par rapport au succès de Mélenchon. Sauf que ce politicien professionnel ne dit pas exactement la même chose que nous. Notre idée, c'est que la politique doit être partagée et prise en main par la population. Mais cette perte de confiance conduit certains d'entre nous à proposer de soutenir Mélenchon.
Que pensez-vous de Sarkozy qui veut redonner la parole au peuple à travers des référendums ?Sarkozy essaie de sauver sa peau. En réalité, c'est tout le contraire qui va se passer. On voit bien que le référendum sur les chômeurs marque sa volonté de mettre la pression sur les demandeurs d'emploi, renforcer les divisions dans la population, spéculer sur des préjugés et faire croire qu'ils ne veulent pas bosser. C'est un discours réactionnaire, du baratin, et on peut espérer que ce n'est pas ça qui va le sauver.
Que pensez-vous du slogan « La France forte » ?C'est bidon ! Pour annoncer sa candidature, Sarkozy a pris l'image du capitaine dans la tempête. Nous lui disons qu'une mutinerie se prépare et que nous jetterons le capitaine par-dessus bord.
Pourquoi les ouvriers votent-ils plus pour le FN qu'à gauche ?Dans les milieux populaires, plus de la moitié des gens ne votent plus. Les ouvriers, les pauvres ne croient plus en rien, ne se sentent représentés par personne. Parmi ceux qui votent encore, il y a un fort pourcentage tenté par l'extrême droite où l'on retrouve aussi des personnes qui ont voté Sarkozy en 2007. La crise a fait beaucoup de dégâts, mais le démantèlement des services publics a gravement fragilisé la collectivité au point que l'individualisme l'emporte. Il y a un détournement de la colère. Marine Le Pen fait croire qu'on peut s'en prendre à aussi pauvre que soi alors que le seul ennemi est le capitalisme mondial.
Marine Le Pen tractant à la sortie des usines, ça vous interpelle ?Il y a une démagogie sociale sans limite. Le FN n'a jamais été dans les combats pour l'emploi, les salaires, les retraites. Quand il faut défendre un centre IVG, une maternité, Marine Le Pen n'est jamais là. Dans aucun mouvement social. Si l'on veut réellement combattre les idées d'extrême droite, il faut que les opprimés retrouvent leur identité sociale, cette conscience qu'existe le camp des opprimés face au camp des exploiteurs.
Appellerez-vous à voter Hollande au second tour ?Notre priorité est de dégager Sarkozy et toute sa bande. Rien que de s'en débarrasser pourrait redonner un peu le moral. Malheureusement, on ne fait aucunement confiance au PS qui mènera une politique libérale. Si on dégage Sarkozy, ce sera le début d'une autre bataille pour imposer une véritable politique de gauche en faveur des plus pauvres. Et cela passera par une riposte sociale qu'il faudra organiser.