LEUCATE (Aude), 29 août 2011 (AFP) - Philippe Poutou, candidat du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) à la présidentielle, devait lancer sa campagne à Leucate lundi soir, avec la lourde tâche de succéder au populaire postier Olivier Besancenot et de représenter un mouvement déchiré. "Il y a un peu de pression" à prendre la succession du très médiatique facteur de Neuilly, avoue l'ouvrier automobile de 44 ans à quelques journalistes, dans le village-vacances où son parti organise son université d'été, sur les bords de la Méditerranée, quelques heures avant son premier meeting de campagne. "C'est une situation nouvelle, ça ne se gère pas du jour au lendemain" ajoute celui qui était jusqu'à sa désignation en juin totalement inconnu du grand public, sur le fait de se retrouver sujet de curiosité pour les caméras. Et si Olivier Besancenot est attendu à son côté pour lancer le début de la campagne présidentielle, ce n'est pas pour lui faire de l'ombre mais tout simplement parce que le facteur "reste un militant". "Il est porte-parole d ela campagne" au même titre que Christine Poupin, représentante de la majorit édu parti, et Myriam Martin, de la tendance minoritaire, souligne le candidat. Car Philippe Poutou hérite de la charge de représenter le parti dans un contexte plus que délicat : le NPA est déchiré entre les minoritaires favorables à des discussions futures avec le Front de Gauche de Jean-Luc Mélanchon et le reste de la gauche radicale, et les tenants de la ligne dure hostiles à tout ralliement éventuel. Philippe Poutou et Olivier Besancenot sont de cette ligne "identitaire" qui avait recueilli le soutien de plus de 50% des délégués du parti lors de son congrès en juin, contre quelque 40% pour les minoritaires. A ce propos, l'ouvrier automobile qui entend bien mener de front son emplo à l'usine Ford de Blanquefort (Gironde) et son combat politique même si cela doit donner lieu à quelques aménagements, souhaite que la campagne soit "la plus collective possible" en dépit des divergences de vue. "On veut recoller les morceaux". Tant pis si Pierre-François Grond, ancien bras droit d'Olivier Besancenot et homme fort de la minorité, est absent à Leucate. "On a assez souffert de tensions. On doit prendre le dessus sur les émotions", dit Philippe Poutou. Myriam Martin en tout cas ne renonce pas à peser sur la campagne et faire avancer l'idée d'un "parti anticapitaliste, large et ouvert" à la gauche radicale et qui aurait "coupé avec la tentation isolationniste". En attendant, la campagne sera axée sur la question de la "dette publique illégitime" et le refus de son remboursement et des plans d'austérité. "Nous voulons l'arrêt des suppressions d'emplois et le développement du service public", la mise en place "d'un service public bancaire et de l'énergie" ajoute Philippe Poutou. Autres thèmes de campagne, "la lutte contre le Front national et les idées racistes", la défense de la régularisation des sans-papiers et de l'égalité des droits, y compris entre les hommes et les femmes. Le retrait d'Olivier Besancenot a fait du tort au NPA alors que le mouvement accuse le coup de l'émergence du Front de Gauche en 2009. Les derniers sondages créditent Philippe Poutou d'à peine 1% des intentions de vote quand Besancenot dépassait les 4% lors du dernier scrutin présidentiel. Jean-Luc Mélenchon lui, est crédité d'entre 6,5 et 9% des voix dans un récent sondage CSA. Philippe Poutou veut croire que, malgré les difficultés, le NPA parviendra à recueillir les 500 parrainages de maires nécessaires à toute candidature présidentielle. "Nous on se dit qu'on les aura, on a des équipes partout en place", souligne-t-il. Il dit avoir déjà obtenu une petite centaine de promesses de signatures. ev/lal/fm