BORDEAUX, 12 oct 2011 (AFP) - Candidat surprise du NPA après le forfait d'Olivier Besancenot, Philippe Poutou a commencé sa difficile campagne dans un parti très divisé, même s'il peut compter sur le soutien du populaire postier qui l'accompagne une nouvelle fois en meeting mercredi à Bordeaux. Fin août, pour sa première vraie réunion publique de candidat à l'université d'été du NPA à Port-Leucate (Aude), M. Poutou s'était excusé de lire ses notes à la tribune après le passage de son toujours brillant prédécesseur à la tribune. Cette fois-ci, l'ouvrier automobile de l'usine de Blanquefort (Gironde) qui n'a que peu l'occasion d'apparaître dans les médias mais enchaîne les manifestations (contre l'austérité à Paris mardi dernier ou contre le nucléaire samedi prochain à Rennes), joue à domicile. En attendant Olivier Besancenot à l'Athénée municipal de Bordeaux pour un point-presse commun d'avant meeting, ce novice en politique de 44 ans explique à l'AFP qu'être chez lui ne sera "ni plus difficile ni plus facile". Mais "il y aura les copains", glisse-t-il, un peu stressé mais souriant, disant "préférer être assis sur les fauteuils de devant que debout à la tribune". Pour ces premiers meetings, M. Besancenot reste à ses côtés. Cette omniprésence du non-candidat, "ça fait bizarre", "on a peine à comprendre ce qu'ils font", souligne un cadre du NPA pour qui, ce faisant, "ils savonnent plus la planche (de Poutou) qu'autre chose". Du côté de la direction, on estime qu'"Olivier" honore simplement l'"engagement qu'il a pris pour que Philippe se sente dans les meilleures conditions possibles" et jouer "le plus collectif possible", souligne la porte-parole Christine Poupin. Pas facile en tout cas de mener campagne dans un parti déchiré entre défenseurs d'une ligne dure comme Olivier Besancenot, Philippe Poutou (ancien de Lutte ouvrière) ou Mme Poupin, et partisans de la poursuite des discussions avec le Front de gauche dans l'après 2012, comme l'autre porte-parole Myriam Martin ou Pierre-François Grond, homme fort de la minorité qui a quitté le comité exécutif du parti récemment. A la direction qui a vu le retour des anciens de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) comme Alain Krivine ou François Sabado dans une nouvelle "coordination de campagne", on tente de minimiser les tensions. "Sur la mobilisation contre l'austérité, la volonté de lancer un cadre unitaire sur la dette publique ou les initiatives des +indignés+, il n'y a pas de division du NPA", assure ainsi Christine Poupin. Mais du côté de l'autre tendance, le ton tranche. Relevant une ambiance "assez tendue" avec "beaucoup" de départs (de 9.00 militants à sa fondation en février 2009, le NPA n'en compterait officiellement plus que 6.000, voire moins), Guillaume Liégard souligne qu'aujourd'hui pour le NPA, "la question est de savoir s'il y a un pilote dans l'avion". Selon lui, nombreux sont les militants, de tous bords, qui ne feront d'ailleurs pas campagne. Une réunion de ce courant est par ailleurs prévu début novembre avec "le but de redresser le parti qui doit changer d'orientation très vite" et cesser son "isolationnisme", souligne Myriam Martin. Dans ces conditions et alors que M. Poutou oscille entre 0 et 1% dans les sondages de premier tour, le budget de campagne sera "au plus bas possible" reconnaît le candidat. Avant la campagne officielle, il faudra d'abord recueillir les 500 signatures de maires, une tâche qui, de plus, sera "vraisemblablement aussi pénible qu'en 2007", selon Mme Poupin. jud/sm/cv
Par Julie DUCOURAU