Pas de retrait, pas de paix. C’est semble-t-il l’esprit de la journée du 6 juin qui, sans surprise, et même si des centaines de milliers de personnes ont une nouvelle fois manifesté avec colère et détermination, a été la moins massive des journées de mobilisation contre la réforme des retraites depuis le 19 janvier. Mais…
Crise de régime
Que le gouvernement ne s’y trompe pas, ce souffle de colère laissera des traces bien après les « 100 jours ». Il n’y a et il n’y aura pas d’apaisement, ni le 14 juillet ni après. Car tout montre que la crise politique ouverte est loin d’être refermée.
Les dernières gesticulations visant à empêcher les députés de se prononcer sur la proposition de loi du groupe LIOT pour abroger la réforme des retraites montre l’état de panique du pouvoir. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a hésité avant d’opter pour l’utilisation de l’article 40, selon lequel il ne serait pas possible de voter une loi sans compenser les pertes financières qu’elle implique.
Il s’agit pour le gouvernement de sauver la peau d’un quinquennat qui tient sur cette réforme où le mensonge le dispute à l’humiliation et à la répression. Redevable le gouvernement l’est… devant les riches, les patrons et les puissants, dont il défend les intérêts avec acharnement. Et toutes les réformes en cours ou à venir sont des attaques contre notre camp social : assurance chômage, RSA, loi Darmanin sur l’immigration, poursuite de la casse des services publics et de la spéculation sur le logement…
Préparer les combats de demain
Les contradictions au sein de l’intersyndicale (qui ont conduit celle-ci à ne jamais réellement appeler à des grèves sur plusieurs jours), l’absence de journées de mobilisation depuis le 1er mai, et la faiblesse de l'organisation du mouvement à la base, pèsent aujourd’hui pour entamer un énième round sur les retraites. Mais la colère intacte ne doit pas se transformer en haine de soi, haine de son voisin ou collègue, ce qui arrangerait finalement le gouvernement et dont tirerait profit plus que jamais l’extrême droite. L’issue : se regrouper, s’unir face aux mauvais coups du gouvernement, aux salaires trop bas comme l’ont fait les ouvrierEs de Vertbaudet ou le font les salariéEs de Disneyland, comme cela a été fait contre la répression à Sainte-Soline et la menace de dissolution des Soulèvements de la Terre ou pour soutenir les camarades répriméEs.
Dans les prochains jours, nous aurons aussi à montrer notre solidarité envers toutes celles et tous ceux qui sont victimes de la répression, et notamment aux militantEs qui avaient conduit, pour alerter sur l’urgence climatique, une action contre l'usine Lafarge de la Malle à Bouc-Bel-Air (13) le 10 décembre dernier.
Avoir des outils pour s’organiser face aux attaques
Nous avons besoin de nous mobiliser, mais aussi de discuter, de continuer à être ensemble, de nous organiser, de tirer des bilans ensemble. Car nous ne devons pas laisser une minute de répit à ce gouvernement et à sa politique de casse sociale. Nous devons rester uniEs et organiséEs, à commencer par nos lieux d’études et nos lieux de travail, où le syndicat peut et doit être un outil pour nos salaires et nos conditions de travail.
Construire du (des) collectif(s), organiser les solidarités, combattre la résignation et le repli fataliste : autant de tâches urgentes et essentielles pour tenir et résister face au néolibéralisme autoritaire, qui mène la planète et l’humanité à leur perte.
Au-delà, face à la crise politique qui s’approfondit et à l’extrême droite qui attend son heure, il devient urgent également de construire un force politique anticapitaliste, révolutionnaire, radicale, unitaire et démocratique. Tout ce à quoi le NPA s’attèle, et s’attèlera dans les semaines et les mois qui viennent !
Le 7 juin 2023