Les salariés de Sanofi ont reçu du renfort hier à midi devant les grilles de l'université Paul-Sabatier pour leur 21e «jeudi de colère» contre le plan social qui menace le site toulousain (lire nos précédentes éditions». Deux candidats à la dernière élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) et Philippe Poutou (NPA) sont venus apporter leur soutien à une cause emblématique : on ne licencie pas dans une entreprise qui fait des profits. Les deux leaders ne sont pas venus seuls, attendus par des dizaines de militants, drapeaux rouges au vent. Les étudiants de Paul-Sabatier sont aussi de la partie. Du coup, les salariés de Sanofi, tout de blanc vêtus, se sentent moins seuls. Au total, plusieurs centaines de personnes assistent dans la bousculade à des prises de parole successives qui annoncent souvent le ton du meeting politique en soirée.
«Etudiants, salariés, nous sommes le même corps social»
Très symbolique d'ailleurs, cette manif organisée devant les grilles de l'université scientifique. Etudiants et salariés réunis, comme dans un vieux rêve de mai 1968 : «Nous sommes le même corps social», lance un syndicaliste. Un autre rappelle que trois salariés Sanofi Toulouse sur 4 ont fait leurs études dans cette fac. «L'étudiant a un devoir intellectuel et citoyen, c'est d'être aux côtés de ceux qui luttent à Sanofi», souligne Mélenchon qui pointe un nouvel élément de colère depuis sa dernière visite : «Entretemps, Sanofi est devenu la première capitalisation boursière du pays devant Total. c'est une mine d'or cette entreprise. Et la situation traduit le monde fou dans lequel nous vivons !»
Du grain à moudre pour plaider la cause des solidarités industrielles, et plus si affinités : «Sanofi, Arcelor, PSA, Ford, c'est partout la course au profit, s'insurge Philippe Poutou. Il ne faut pas rester seul dans son coin, mais relever la tête ensemble, retrouver la force de se battre collectivement». Les Sanofi sont remontés. Ils chantent. Et puis le gouvernement socialiste ne se bouge-t-il pas sur Mittal ? Un espoir murmuré dans les rangs : «Ce que l'on fait pour la sidérugie, on ne devrait pas le faire pour Sanofi dans le secteur primordial de la santé ?» Les salariés de Sanofi attendent un signe. En attendant, nombre d'entre eux, «jetés dans la lutte» sans y avoir été préparés pour reprendre l'expression de Mélenchon, se donnent rendez-vous pour le meeting politique du soir…
Meeting commun
Plus d'un millier de personnes était attendue hier soir au Palais des expos pour le meeting organisé par le Cac 31 (lire ci-contre) sur le thème «Non à l'austérité en Europe et pour une Europe sociale et démocratique», un intitulé qui expliquait la diversité des intervenants, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou, mais aussi Gérard Onesta (EELV), Esther Jeffers d'Attac France, des représentants des syndicats CGT, FSU et Solidaires, et bien sûr des mouvements européens (grecs, portugais) en première ligne dans la lutte contre l'austérité.
Daniel Hourquebie