NANTERRE, 5 sept 2011 (AFP) - Olivier Besancenot et dix autres postiers ont été condamnés lundi à une amende de 1.500 euros avec sursis pour avoir séquestré des cadres de la Poste lors d'une occupation musclée des locaux de l'entreprise à Nanterre en mai 2010. L'un des avocats des postiers, Me Antoine Comte, a immédiatement annoncé qu'il allait faire appel, déplorant "une décision incompréhensible" dans "un dossier où il n'y a absolument aucune preuve". L'ex-leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Olivier Besancenot, a dénoncé "deux poids deux mesures dans ce pays" en matière de justice. "La rentrée sociale commence en partie ici. Tous ceux qui pensent nous intimider n'arriveront à rien", a-t-il déclaré. Une petite centaine de personnes, majoritairement des représentants des syndicats Sud et CGT et des élus communistes, s'étaient rassemblées devant le tribunal de Nanterre pour réclamer la relaxe des quinze prévenus, qui n'ont eu de cesse de clamer leur innocence. Selon Olivier Besancenot, ce jugement est "un signal fort", "n'importe quelle occupation pourra être transformée et maquillée en séquestration". "On vit dans un pays où des hommes d'affaires et des hommes d'Etat peuvent se soustraire aux lois et à la justice", a-t-il lancé, en citant le règlement de l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais et le procès de Jacques Chirac. Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné les onze postiers à payer chacun 500 euros de dommages et intérêts aux parties civiles et 150 euros pour frais de justice. Les magistrats de la 17e chambre ont en revanche relaxé quatre des prévenus et prononcé une relaxe générale pour "entrave à la liberté du travail". Treize employés de La Poste, majoritairement des cadres de la gestion des ressources humaines, avaient accusé les postiers de les avoir séquestrés pendant plus de deux heures lors du conflit contre le projet "Facteurs d'avenir" qui prévoit notamment une restructuration de la distribution du courrier. Après une ouverture en fanfare de ce procès le 20 juin, avec plusieur personnalités politiques venus soutenir les prévenus dont Nicolas Hulot, Benoît Hamon et Arlette Laguiller, les débats avaient opposé, durant quatre jours, deux blocs persuadés de détenir la vérité. Dans cette affaire, il n'y a pas eu d'enquête de police, mais une multitude de témoignages contradictoires et un constat d'huissier très critiqué par la défense pour son identification "dictée par La Poste" des prévenus, titulaires en grande majorité de mandats syndicaux. A la barre, les plaignants avaient raconté parfois en larmes "la pris d'otage" durant laquelle ils avaient été "humiliés", certains allant jusqu'à parler de "terreur morale". Balayant ces témoignages, Gaël Quirante, l'un des condamnés, a estimé qu'avec ce jugement "la direction de La Poste veut rouvrir la boîte de Pandore de la répression syndicale". Pour l'avocat des parties civiles, Me Bernard Dartevelle, "ce jugement rappelle que, dans le combat syndical, on ne peut pas se tromper d'interlocuteur en s'en prenant à d'autres salariés et il sanctionne un type de pratique incompatible avec les principes de la République". "Ce jugement, très équilibré, est satisfaisant car il oblige, sans dommage sur le plan pénal ou économique, ces syndicalistes à être plus attentifs à leur moyen d'action", a conclu Me Dartevelle. Le procès en appel devant la cour d'appel de Versailles ne devrait pas se tenir avant la fin 2012. cbn-pta/ng/sd