Pour la commission médias du NPA, fondée en 2009 dans la foulée du congrès fondateur, l’Université d’été 2011 a permis non seulement de faire connaître ses analyses aux militantEs du NPA, de nouer des liens avec d’autres commissions nationales et d’avancer dans l’élaboration de propositions de rupture avec l’ordre médiatique actuel. Nous avons pu ainsi animer ou co-animer trois ateliers sur la durée de l'université d'été.
Un premier atelier, organisé conjointement par la commission médias et la commission quartiers populaires (QP), a pris la forme d'un ciné-club avec la projection, devant plus de 85 camarades, d'un documentaire intitulé La tentation de l'émeute. Ce film réalisé en 2010 pour Arte, et dont le sociologue Marwan Mohammed est à l'origine, permet de donner la parole aux jeunes d'un quartier de Villiers-sur-Marne qui ont participé aux révoltes de 2005. À rebours d’émissions comme Zone Interdite (M6) ou Le droit de savoir (TF1) dans lesquelles les journalistes embarqués dans les voitures de police nous livrent une vision guerrière des cités, le film permet aux habitants – et particulièrement aux jeunes hommes – de nous livrer la vision qu’ils se font de leurs quartiers et de leurs conditions d’existence.
Un second atelier, toujours en collaboration avec la commission QP, a été animé par le sociologue Saïd Bouamama ainsi qu’un membre de l’équipe d’animation d’Acrimed1. Il s’agissait de poser la question de la contribution spécifique des grands médias à la stigmatisation des habitants des quartiers populaires, particulièrement celles et ceux issuEs de l’immigration postcoloniale. Conjointement avec le pouvoir politique, les grands médias ont en effet – depuis une trentaine d’années – construit le « problème des banlieues » autour de deux axes : l’insécurité (ou la délinquance, les trafics, etc.) et l’immigration (ou le communautarisme, l’islamisme, etc.). À coup de reportages récurrents et d’articles souvent sommaires, une image des quartiers populaires a ainsi été imposée, qui se caractérise par deux traits spécifiques : - elle est détachée des mécanismes généraux qui produisent l’inégalité sociale, le chômage de masse, les discriminations racistes, le mal-logement et la ségrégation urbaine.- Elle se fonde sur le couplage idéologique entre la représentation traditionnelle des classes populaires comme « classes dangereuses » et une imagerie coloniale réactivée pour produire le sentiment d’une altérité radicale entre un « eux » et un « nous ».
Un troisième atelier, animé par des membres de la commission (une journaliste militante au SNJ-CGT, deux militants d’Acrimed et un ouvrier du Livre), cherchait à déterminer en quoi consiste une critique anticapitaliste des médias et à discuter avec les militantEs présentEs un ensemble de propositions élaborées par la commission. Ces pistes doivent nous permettre de proposer un programme clair et radical sur la question des médias, pour le populariser lors de l'élection présidentielle de 2012 et au-delà. Un certain nombre de propositions ont émergé : l’abolition de la concentration dans les médias avec l'interdiction pour un individu ou un groupe privé de posséder plus d'une entreprise de presse, la renationalisation de TF1 (que le PS ou le FdG se refusent à exiger), la création d'un véritable service public des médias financé uniquement par des fonds publics pérennes (excluant la publicité mais pas la taxation des revenus publicitaires), la mise à disposition de tous les partis politiques de moyens leur permettant de publier un journal quotidien, ou encore la suppression du CSA auquel serait substitué un organisme démocratique des médias, géré par les salariés du secteur et les usagers.
Léo Carvalho et Julien Sergère1. Acrimed (Action-Critique-Médias) est une association qui porte, depuis sa fondation en 1996, une critique radicale des médias (www.acrimed.org).