Ils sont tous derrière l'intersyndicale. L'ensemble de la gauche radicale affiche un soutien sans faille aux mobilisations contre le projet de réforme des retraites. Toujours présents dans les manifestations, ils demandent à l'unisson de FO et de SUD le retrait de la réforme. Mais derrière cet appui répété, quelques dissonances se font encore entendre entre le Front de gauche, d'un côté, et le NPA, de l'autre.
Le Parti communiste s'était, dès les premières heures de la rentrée, mis dans les roues des centrales syndicales. Lors de la Fête de L'Humanité à la mi-septembre, Pierre Laurent, secrétaire national, avait expliqué que son parti se mettait au service du mouvement social. "C'est le moment pour la gauche d'être à la hauteur et nous ferons tout pour que personne ne faiblisse ni ne déserte", avertissait le numéro un.
Depuis, pas une once de critique à l'égard de la tactique syndicale unitaire. Journées d'action, manifestations unitaires ou opérations de blocage, tout est bon. Et si la majorité des syndicats jugent que la grève reconductible n'est pas jouable, ils ont raison. "Faut pas mégoter. Les syndicats ont très bien fait leur boulot dans une situation tendue. Il faut leur faire confiance et se mettre derrière à fond", explique Pierre Laurent encore aujourd'hui. Les militants communistes sont présents en masse dans les cortèges, tous autocollants et banderoles dehors.
Son homologue du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est dans la même posture. S'il réclame toujours un référendum sur les retraites, le député européen continue à s'aligner derrière les syndicats : "Nous marchons dans les pas des syndicats : on veut le retrait de la réforme, donc on tient notre part de tranchée", affirme-t-il.
Dans cette stratégie de soutien, le Front de gauche a décidé de franchir un pas de plus en organisant, samedi 23 et dimanche 24 octobre, des collectes de solidarité. "Se mettre en grève est un engagement courageux quand on a un petit salaire et qu'on a du mal à finir les mois", insiste M. Laurent. "Un geste fraternel", qui se situe dans la tradition des drapeaux rouges tendus dans les meetings dans les années 1970.
Au NPA, la mobilisation se vit plus en direct. Les militants sont tous sur le front des manifestations, des blocages de raffineries et surtout des "interpros", ces collectifs unitaires interprofessionnels qui avaient surgi dans les grèves de 2003 (réforme Fillon). Là, enseignants, fonctionnaires territoriaux, salariés du privé ou étudiants se retrouvent pour décider d'opérations communes. C'est dans cette frange la plus militante que le NPA trouve le meilleur écho à ses slogans.
Le discours a cependant bougé. Fini les appels à la grève générale et l'insistance sur les arrêts de travail reconductibles comme seules actions à la hauteur de l'enjeu. Depuis début octobre, Olivier Besancenot a rangé ses critiques à l'égard des syndicats jugés trop mous et ses appels à un "nouveau Mai 68". Trop décalé dans une situation où les militants se rendent compte que le mot de grève générale est incantatoire et pas crédible sur les lieux de travail. Même les militants ont "du mal avec leur fiche de paye", reconnaît-on dans son entourage.
Alors ils collent aux plus radicaux. "Nous nous appuyons sur toutes les initiatives, notamment les blocages, qui peuvent faire accélérer et amplifier le mouvement", assure Pierre-François Grond, bras droit de M. Besancenot. Sur les ondes, le leader postier a trouvé une nouvelle formule : "L'unité et la radicalité, ça peut aller ensemble."
Sylvia Zappi