Les plus de 700 participantEs à l’Université d’été du NPA se sont retrouvéEs dimanche 27 août à 21 heures, dans une ambiance chauffée par les slogans des mobilisations pour accueillir les différentEs intervenantEs du meeting.
Steven, jeune travailleur en lutte chez Deliveroo, a ouvert la soirée. Dans ce secteur, laboratoire de l’ubérisation du travail que les patrons voudraient généraliser, la résistance s’organise.
Jeunesse en lutte
Un Collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP) a été créé avec le soutien de syndicalistes SUD et CGT, et de premières expériences ont été menées avec le Front social. Le 11 puis le 28 août les travailleurEs ont réussi à bloquer certains restaurants utilisateurs de Deliveroo, qui a annoncé fin juillet une aggravation brutale des conditions d’exploitation. Une plateforme de revendications a été rédigée. Et les perspectives se construisent : participation à la grève du 12 septembre et ses suites, prises de contacts pour élargir la mobilisation à d’autres catégories de travailleurEs précarisés, et tentative d’organiser une grève transnationale le 27 septembre, avec des précaires anglais, allemands, italiens ou espagnols. Pour combattre l’exploitation sans frontière, construire la solidarité sans frontière !
Elsa, du secteur jeune du NPA, est revenue sur les attaques qui font de Macron l’ennemi de la jeunesse. Réforme du bac, introduction de la sélection à l’entrée de l’université, baisse des APL quand des étudiantEs ne parviennent plus à se nourrir correctement et que 50 % travaillent pour payer leurs études… Le secteur jeune du NPA s’impliquera pour faire converger les mobilisations de la jeunesse avec celles du monde du travail, ce que Macron veut éviter en faisant passer ses ordonnances avant la rentrée universitaire. Une nouvelle génération qui s’est engagée contre la loi travail en 2016, et depuis notamment en solidarité avec Adama et Théo contre les violences policières, est disponible contre la loi travail XXL.
Internationalistes et antiracistes !
Denis, du collectif Roya Solidaire, a expliqué comment la véritable « chasse à l’homme » contre les migrantEs a transformé une série de personnes s’impliquant dans l’aide humanitaire en militantEs de la solidarité. Cette mobilisation a remporté des petites victoires contre les autorités locales. Mais le gouvernement, par la militarisation de la vallée et la criminalisation de l’action militante, avec notamment la condamnation de Cédric Herrou, a contraint les migrantEs à trouver d’autres routes que la vallée de la Roya. Il y a donc un enjeu à construire sur cette question un mouvement pour la liberté de circulation, autour de Briançon aujourd’hui, dans les Pyrénées demain. C’est un des objectifs de la manifestation nationale que le collectif appelle à préparer dans un cadre unitaire.
Christine Poupin, porte-parole du NPA, est revenue sur les enjeux de la solidarité internationaliste pour contribuer à reconstruire une conscience de classe. Cette solidarité va au combat des antiracistes aux États-Unis, et à Heather Heyer, militante antifasciste tuée par l’extrême droite le 12 août à Charlotteville ; à Salah Hamouri et aux près de 7 000 Palestiniens emprisonnés. C’est un combat contre les points de vue qui, au nom de la mémoire, défendent les intérêts ou la « grandeur » de la France ou qui, au nom des savants calculs géostratégiques, semblent penser que les ennemis de nos ennemis pourraient être nos amis. Notre boussole est bien le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, à décider de leur avenir. Nous sommes contre les interventions impérialistes, qui ne font que renforcer les régimes autoritaires et dictatoriaux et écraser les possibilités des peuples à décider pour et par eux-mêmes. Notre internationalisme, c’est aussi l’annulation de la dette, machine à siphonner les richesses des plus pauvres vers les plus riches. Il y a une autre dette du Nord envers le Sud : la dette écologique et climatique. Nous sommes aux côtés de tous les peuples qui résistent contre les grands projets extractivistes. Et bien sûr nous construisons les mobilisations internationales comme la journée européenne pour le droit à l’avortement le 28 septembre prochain.
Reprendre confiance, construire la contagion des résistances
Philippe Poutou a rappelé que, dans cette période de difficultés, il est important de revenir sur ce que nous avons réussi au cours des derniers mois. L’affluence à l’Université d’été est aussi le résultat de la campagne présidentielle : nous avons réussi à y faire entendre une autre voix, une voix de révolte, une identité de classe, des propositions pour une autre société. Malgré ses limites, à commencer par notre score, la campagne a permis de faire exister dans le débat politique, contre le fatalisme et la résignation, des mesures anticapitalistes pour affirmer que nous ne paierons pas la crise du système. Elle a également permis de défendre la nécessité pour les exploitéEs et les oppriméEs de ne plus se laisser représenter par des politiciens qui sont leurs adversaires, et donc de s’organiser afin de reprendre en main leur affaires.
Il s’agit maintenant de prolonger ces acquis, certes modestes, en affrontant les questions politiques qui nous sont posées par le pourrissement du capitalisme et les politiques du nouveau gouvernement. Parmi ces questions, les guerres, l’impérialisme, le terrorisme, la montée de l’extrême droite sont des menaces majeures pour les peuples ici et partout dans le monde, auxquelles il n’y a pas de réponse sans contestation du monde qui les produit. Nous devons donc combattre toutes les réponses qui nous divisent, par l’individualisation, la précarisation, le racisme, le sexisme ou le nationalisme chauvin.
L’urgence est à la construction des mobilisations contre un gouvernement qui tape d’autant plus fort et vite qu’il est déjà en chute dans les sondages. Nous sommes nombreux à bien voir que les réponses actuelles des directions syndicales et politiques, qui prétendent rester dans le jeu institutionnel ne sont pas à la hauteur, chacune d’entre elles jouant sa partition et pas du tout la construction d’un touTEs ensemble pour aller vers le blocage de l’économie. Avec nos collègues, dans les syndicats, dans les structures comme le Front social, mais aussi sur les marchés et dans les quartiers, nous voulons mettre ces discussions à l’ordre du jour. Car l’enjeu est de construire la contagion des résistances, de reprendre confiance pour aller de l’avant, ce que nous savons indissociable d’un projet de transformation de la société et d’un parti pour le porter.
Cathy Billard