Macron a refusé toute politique sanitaire démocratique, pédagogique, transparente et égalitaire. Au contraire, il a opté pour une politique répressive, opaque, inconstante, brutale, culpabilisante et discriminante, au service de la production capitaliste. La population n’a jamais été bien soignée, vaccinée, épaulée, considérée et encore moins associée aux décisions et incluse dans leur mise en œuvre. Pour le pouvoir, les questions sanitaires ne méritent pas d’être traitées comme un objectif en soi, mais seulement comme un moyen pour maintenir l'usine France en marche. Et pour cela, il faut cogner.
Toute-puissance et incompétence
Si Macron a failli à toutes les étapes de la gestion de la pandémie, c'est aussi parce que quatre décennies de néo-libéralisme ont privé les services publics d’une partie significative de leurs capacités d’agir. À l'exception révélatrice de ses corps répressifs, police et armée, l'ensemble de l'État manque de moyens financiers, humains, techniques, intellectuels. La plupart des fonctionnaires en payent le prix au quotidien en même temps que les usagerEs, enseignantEs et soignantEs en première ligne. Les institutions de la Ve République sont vidées du peu de démocratie qu'elles recélaient encore : entouré de quelques conseillers dans son palais pour décider, puis de tous ses flics pour appliquer, Macron est ainsi à la fois tout puissant... et incompétent.
D'abord incapable de bien dépister, tracer, soigner et limiter la diffusion du virus, puis incapable de vacciner rapidement et massivement, Macron et son gouvernement peuvent être tenus un peu plus responsables de chaque nouvelle vague, jusqu'à la quatrième en pleine expansion. Aux différentes étapes du développement de la pandémie, à défaut d’une véritable politique sanitaire avec les moyens matériels et humains nécessaires, c’est à une fuite en avant que nous avons assisté : confinement, couvre-feu, fermetures en tous genres... et enfin le pass sanitaire.
Pour une politique sanitaire et sociale ambitieuse
La vaccination générale à l'échelle mondiale est le meilleur moyen de stopper la pandémie. Les obligationsvaccinales, qui existent pour d’autres maladies et virus, ne sont pas scandaleuses en soi. Mais c'est par la levée des brevets, permettant un accès universel au vaccin, y compris dans les pays dominés, la réquisition de l’industrie pharmaceutique et la transparence sur les tests et la production, ainsi que des politiques sanitaires ambitieuses et associant la population que cette pandémie sera vaincue, pas avec un outil qui nous fait rentrer dans une nouvelle étape de la société de surveillance. Le pass sanitaire pourrait finir dans une carte d'identité biométrique et biomédicale. De lois en renouvellement de l’état d'urgence, les prétendues mesures anti-terroristes nous ont enseigné que leur détournement et l'effet de cliquet étaient systématiques.
Se mobiliser contre le pass sanitaire est nécessaire et urgent. Il porte atteinte aux libertés de déplacement et d'accès à certains services et activités, il met en jeu l'emploi des non vaccinés et apparaît donc comme un nouvel outil de recul social, il crée un climat de surveillance générale, et menace de générer d’inacceptables discriminations sur les lieux de travail et dans les lieux publics. Il est un concentré qui dépasse même le cadre sanitaire. C'est un projet de société. Mais cette lutte ne peut se mener au nom de l’individualisme ou de lectures confusionnistes, voire conspirationnistes. Elle doit se faire au nom de la défense des libertés publiques et au nom d'une politique sanitaire et sociale ambitieuse et égalitaire, pour une société démocratique.