Fermeture de l’usine Bridgestone en 2021 : 863 salariéEs sur le carreau. C’est la nouvelle qui a frappé les travailleurEs de cette usine de pneumatiques de Béthune (Pas-de-Calais) mercredi dernier. Dans cette région déjà sévèrement touchée par le chômage et la précarité, l’annonce fait l’effet d’un coup de tonnerre. Le fabricant japonais, numéro un mondial dans le secteur, est en pleine restructuration au niveau mondial et a décidé de se séparer de sa plus grosse usine en Europe pour faire face à la concurrence chinoise et à un manque de « compétitivité ».
Officiellement, l’entreprise se dit « pleinement conscient des conséquences sociales d’un tel projet et s’engage à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour définir un plan d’accompagnement adapté à chaque employé ». Mais concrètement, elle condamne au chômage et à la misère tous les salariéEs de l’usine et leurs familles. Sa seule préoccupation est de s’assurer une marge confortable de bénéfices après avoir profité pendant des années et des années des aides de l’État (1,8 million d’euros l’année dernière avec le CICE) et de la région (100 000 euros en 2017).
Et les larmes de crocodile des politiciens toujours à l’offensive pour faire appliquer les mesures libérales n’y feront rien. Ni les invectives d’un Gabriel Attal qui crie à la « trahison » ou d’un Xavier Bertrand qui parle d’« un assassinat prévu de longue date, prémédité » ne sauront imposer l’interdiction des licenciements à Bridgestone. La réunion prévue de ce lundi à Béthune en présence des ministres du Travail et de l’Industrie, Elizabeth Borne et Agnès Pannier-Runacher, pour sauver le site apparaît plus comme une tentative pour le gouvernement de mettre en avant son plan de relance que de réellement sauver les emplois.
Les salariéEs de Bridgestone n’ont pas attendu le gouvernement pour s’organiser de leur côté. Immédiatement après l’annonce tombée mercredi dans la matinée, ils se sont réunis devant leur usine pour montrer leur refus de voir leur outil de travail fermer. Un délégué CGT présent sur les lieux affirme qu’« il est hors de question que cette usine ferme » et qu’il se battra pour que le site continue d’exister car « l’emploi c’est le plus important qu’il peut y avoir ». Les salariéEs de l’usine Cargill de
Haubourdin, eux-mêmes menacés d’un plan de 183 licenciements, sont venus en soutien et pour dénoncer les effets destructeurs de la crise économique en cours.
Dans cette période marquée par les licenciements massifs et les fermetures d’usines, la résistance des Bridgestone pourrait agir comme un phare pour tous les salariéEs menacés par les plans sociaux du patronat et pour imposer l’interdiction des licenciements comme mesure d’urgence pour lutter contre le chômage.