Pas un jour de plus, pas un euro de moins...
Contre Macron et son monde,
La retraite, c’est 60 ans et 37,5 annuités !
Travailler plus longtemps pour enrichir les capitalistes, non merci !
Macron et Borne nous ont déclaré la guerre. L’âge légal de départ à la retraite passerait de 62 ans aujourd’hui à 64 ans en 2030, et la durée de cotisation serait allongée dès 2027 de 42 à 43 annuités pour une retraite à taux plein. Cette huitième (!) réforme des retraites depuis 1993 obéit à la même logique que les précédentes tout en l’amplifiant : nous faire travailler plus longtemps tout en baissant le montant des pensions.
Pour réduire le déficit ?
Après 2019 et sa réforme prétendument au nom de l’équité, le gouvernement revient cette fois-ci à des discours menaçants et culpabilisants plus classiques, une réforme nécessaire au nom du déficit. Pourtant, dans son rapport de 2022, le Conseil d’orientation des retraites (COR) signalait que, malgré le vieillissement progressif de la population, la part des dépenses de retraites dans la richesse nationale serait stable ou en diminution jusqu’en 2070.
De plus, contrairement à ce que prétend Macron, il existe bien des moyens de trouver de l’argent pour financer les services essentiels, notamment les services publics. La politique de ces dernières décennies, droite et gauche confondues, a consisté à diminuer continuellement les impôts des plus riches, sur le capital et sur les sociétés, et à exonérer à tour de bras les entreprises des cotisations sociales. A nouveau, Macron s’est engagé sur une baisse des impôts de production pour les entreprises (représentant 7 à 8 milliards par an). Au total, selon plusieurs enquêtes, les exonérations de cotisations sociales pour les entreprises représenteraient aujourd’hui 80 milliards d’euros, et l’ensemble des aides publiques pour celles-ci à 167 milliards par an. De l’argent , il y en a !
Se battre contre le gouvernement et le Medef
L’objectif est ailleurs : cette contre-réforme des retraites serait le moyen de diminuer les richesses qui reviennent aux salariéEs pour les transférer au grand patronat. Le gouvernement l’a avoué, il veut s’en servir pour réduire drastiquement l’impôt sur les sociétés. Bruno Le Maire l’avait d’ailleurs annoncé dès le mois de juin: « Nous voulons poursuivre la baisse des impôts et des taxes, pour cela il faut que collectivement nous travaillions davantage, c’est l’objectif de la réforme des retraites, c’était l’objectif de l’assurance chômage, et tout cela va nous permettre de rétablir les finances publiques, baisser la dette, baisser les déficits public. »
Comme les contre-réformes précédentes, celle-ci s’inscrit dans un démantèlement progressif de la retraite par répartition, avec une baisse constante des pensions. Ainsi, la pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est passée sous la pension moyenne de l’ensemble des retraités (1401 euros contre 1430 euros), après avoir diminué au cours des trois années précédentes. Tout cela pour ouvrir la voie à la capitalisation et donc à la privatisation (sur le modèle de la complémentaire santé).
Sans surprise, le Medef, se dit satisfait des « décisions responsables et pragmatiques ». Aucune doute, la guerre sociale est déclarée, et nous allons devoir nous battre et nous mobiliser pour résister à Macron et à ses amis capitalistes.
Dans le public comme dans le privé,
Une réforme aux effets dévastateurs !
Si la mobilisation ne fait pas reculer le gouvernement, les salariéEs devront à nouveau consacrer une part plus grande de leurs vies à bosser. À partir du 1er septembre 2023, l'âge légal de départ à la retraite ne sera plus de 62 ans, mais sera relevé de trois mois chaque année afin d'atteindre 64 ans en 2030. À cette échéance, il faudra avoir cotisé durant 43 annuités (et non plus 42) pour bénéficier d'une pension à taux plein. Sinon une décote (diminution de la retraite variable selon le nombre de trimestres manquant) continuera d'être appliquée jusqu'à ce que la personne retraitée atteigne 67 ans…
Le gouvernement de Macron poursuit et aggrave la politique de ses prédécesseurs de droite et de gauche avec ces mesures et d'autres dispositifs. De plus en plus de personnes n’atteindront pas la durée exigée, ce qui se traduira par des pensions plus faibles puisque calculées au prorata, et en outre diminuées par la décote. De quoi aiguiser l’appétit des capitalistes prêts à nous vendre des complémentaires retraite comme il en existe déjà dans la santé. Pour les amis du président des riches, ce serait donc la réforme en or : nous travaillerions plus, avec un marché qui s’ouvrirait encore plus pour privatiser nos retraites !
Dans le projet de contre-réforme, la règle particulière des six derniers mois pour le calcul des pensions des fonctionnaires sera maintenue... mais les dispositifs annoncés pour les salariéEs et les régimes privés s'appliqueront aussi aux travailleurEs indépendants et aux 5,7 millions de salariéEs de la fonction publique. Cependant des exceptions sont prévues pour les personnes des catégories dites « actives » : les fonctionnaires occupant un emploi présentant un « risque particulier » ou occasionnant des « fatigues exceptionnelles » (policiers, surveillants pénitentiaires, sapeurs-pompiers, égoutiers …). ne seraient pas concernés par le nouvel âge légal de départ.
Encadré 1 - La fin des régimes spéciaux
À l’exception des régimes spéciaux des avocats, des marins, des salariés de l'Opéra de Paris et de la Comédie-Française, tous les autres seraient supprimés. Les nouveaux embauchés seraient affiliés au régime général de retraite dès le 1er septembre 2023. En revanche, les salariéEs déjà en poste conserveraient leurs régimes de retraites, et leurs acquis seraient maintenus au nom de la dite « clause du grand-père ». Le gouvernement espère sans doute limiter l'ampleur d'une mobilisation sociale dans ces secteurs alors que ces « acquis » sont justifiés par des contraintes particulières (horaires de nuit, astreintes...), et devraient donc être maintenus pour toutes les personnes travaillant dans les mêmes conditions. À travail égal, salaire égal !
Encadré 2 - La négation de la pénibilité
En 2017, Macron avait supprimé le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), jugé trop complexe pour les employeurs, au profit du compte professionnel de prévention (C2P). Quatre des dix facteurs de pénibilité avaient été supprimés : les postures pénibles, les manutentions manuelles de charges lourdes ; les vibrations mécaniques ; les agents chimiques dangereux. Pour les salariéEs exposés à ces risques, impossible de partir plus tôt à la retraite.
En théorie, les salariéEs cumulent des points chaque année pour un départ anticipé. En pratique, depuis 2017, à peine 1 % des deux millions de salariéEs ayant un compte ouvert ont pu bénéficier d'un départ anticipé. Borne a affirmé qu'un plus grand nombre de salariéEs pourraient bénéficier du C2P qui ouvrirait plus de droits en cas de travail de nuit ou d'exposition à plusieurs risques professionnels (un possible congé de reconversion). Mais les facteurs de pénibilité permettant un départ anticipé à la retraite ne seraient toujours pas rétablis...
Encadré 3 - Vivre plus âgé·e·s, oui, mais pas au boulot !
Nous vivons plus vieux, c’est un fait majeur des dernières décennies... et c’est une bonne nouvelle ! Mais avec sa contre-réforme, le gouvernement Borne reculerait l’âge de départ là où s’arrête l’espérance de vie sans incapacité (65,9 ans pour les femmes et 64,4 ans pour les hommes). Il n’y a pas de petits profits !
Une espérance de vie stable : depuis 2014, elle est effectivement stable chez les femmes (85 ans) comme les hommes (79 ans)… mais elle pourrait reculer ces prochaines années au vu des désastres écologiques et des services publics de santé toujours plus dégradés. Par ailleurs, ces indicateurs masquent mal une réalité concrètes : plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. Ainsi, l’espérance de vie à 35 ans des ouvriers est inférieure à celle des cadres, de 6,4 ans pour les hommes et de 3,2 ans pour les femmes...
L’emploi des seniors en berne : entre 55 et 64 ans, 56,1 % des seniors avaient un emploi en 2021. Si le taux d’emploi des seniors est en hausse depuis 2000 en raison des réformes précédentes, 28,3 % des plus de 60 ans ne sont ni en emploi ni en retraite et doivent donc survivre avec un RSA, une allocation d’adulte handicapé ou une allocation d’invalidité. La contre-réforme aggraverait encore leur situation, et ce n’est pas l’« index seniors » (qui obligerait les grandes entreprises... à publier le taux de personnes en fin de carrière qui figurent dans leurs effectifs) qui pourrait faire baisser ce chômage.
Encadré 4 - Les femmes en première ligne
Les salariéEs les plus précaires, celles et ceux qui ont connu de longues périodes de chômage, en particulier les femmes, seraient les plus impactées par ce nouveau projet de contre-réforme des retraites. Parce qu’elles vivent les temps partiels imposés ou des interruptions de carrière, les femmes ont des pensions moindres. C’est aussi parce que leurs salaires sont inférieurs en moyenne de 22 % à ceux des hommes, et que leurs pensions de droit direct (c’est-à-dire sans la réversion) sont inférieures actuellement de 40 % à celles des hommes !
Les pensions des dernières générations de femmes parties à la retraite sont supérieures à la moyenne de l’ensemble des retraitéEs parce que les carrières ont été meilleures. Pourtant, l’inégalité reste importante : la pension moyenne de droit direct des femmes de la génération 1953 est encore inférieure de 33 % à celles des hommes. Le montant de la décote est plus important en moyenne pour les femmes. Pour éviter de la subir, 19 % d’entre elles (contre 10 % des hommes) ont attendu l’âge de 67 ans pour partir à la retraite. Une situation que la contre-réforme Borne aggraverait donc pour les « premières de corvées ».
Ce que défend le NPA
Une retraite pour ne pas perdre sa vie à la gagner
A l’opposé de cette contre-réforme, nous défendons le retour à la retraite à 60 ans dès 37,5 ans d’activité, ce qui inclut le travail salarié, les années d’études et de formation dès 18 ans, les périodes sans travail à cause du chômage, de la maladie ou d’un accident, de l’invalidité, de la maternité… Les personnes qui ont vécu la pénibilité au travail doivent bénéficier de leurs retraites dès 55 ans.
L’augmentation de tous les revenus
Sans travail ou en activité, notre combat reste le même. Augmenter les salaires, c’est plus de ressources pour la Sécurité sociale car les cotisations sociales augmentent aussi. Le revenu minimum ne doit pas être inférieur à 1800 euros net. Les salaires et les revenus dits de remplacement, dont les pensions, doivent être revalorisés de 400 euros. S’il est nécessaire d’augmenter les cotisations, cela ne doit pas être réalisé au détriment du pouvoir d’achat des salariéEs : seules les cotisations patronales doivent être augmentées, et à terme, les cotisations salariales supprimées.
Le partage du temps de travail
Travailler moins pour travailler touTEs. Diminuer sans perte de salaire le temps de travail à 32 heures (ou moins si nécessaire) et imposer la retraite à 60 ans, ou moins, afin de donner du travail à touTEs les chômeurEs, c’est aussi donner plus de ressources à la Sécurité sociale et à sa branche retraite.
L’égalité hommes-femmes tout au long de la vie
Les inégalités de rémunérations hommes-femmes se reflètent aussi sur les pensions. L’égalité salariale imposée tout au long de la vie sera un apport supplémentaire aux caisses de la Sécu. Des mesures spécifiques pour le rattrapage des pensions pour les femmes et toutes les victimes de la précarité, notamment du temps partiel imposé, doivent aussi être exigées.
Le refus des régressions consécutives à la disparition des régimes spéciaux
La fusion de toutes les caisses de base et complémentaires et des différents régimes est souhaitable, mais à la condition impérative de l’alignement des prestations vers le haut et sous le contrôle des salariéEs. Les critères de pénibilité doivent aussi être rétablis.
Une sécurité sociale sous notre contrôle
Nous ne confions pas la gestion de nos revenus à des tiers. La part socialisée de notre salaire appartient à nous touTEs, assuréEs sociaux. Les administrateurEs des caisses doivent donc être élus au plus près des assuréEs, dotés de réels pouvoir de décision et révocables si besoin.
Pour nos luttes, pour transformer la société,
Une gauche de combat anticapitaliste, révolutionnaire et unitaire
Comme la récente contre-réforme de l’assurance chômage, mais aussi le projet de loi Darmanin sur l’immigration (avec des visas toujours plus restrictifs et liés aux « métiers en tension »), la contre-réforme des retraites s’inscrit dans une logique globale : il s’agit d’imposer à la majorité de la population d’être à la disposition des entreprises, sous la pression du « marché ». C’est la même logique qui est à l'œuvre dans le refus d’augmenter les salaires malgré l’inflation, ou avec l’allongement de la durée du travail dans de nombreux secteurs. Les capitalistes veulent nous faire payer la crise économique pour garder et même augmenter encore leurs profits !
Nos vies avant leurs profits !
Si Macron et compagnie arrivaient à leurs fins, l’économie capitaliste et ses crises écraseraient encore un peu plus nos vies, en nous contraignant à accepter n’importe quel job, pour n’importe quel salaire, avec des retraites de misère. Il s’agit bien de renforcer l’accaparement des richesses par quelques-uns, sur le dos de celles et ceux qui les produisent, dans des conditions toujours plus difficiles et précaires.
Lutter contre cette contre-réforme des retraites, c’est lutter contre Macron et son monde. Cette nouvelle attaque peut donc servir de déclencheur pour porter l’ensemble de nos colères : des prix qui explosent, des salaires et des revenus trop bas, des conditions de travail qui se dégradent, des services publics qui se décomposent (à commencer par celui de la santé)…
Grèves, blocages, Macron dégage !
Les journées de manifestations, de grèves et de mobilisations intersyndicales, sont essentielles. Pour gagner, il va falloir construire un mouvement d’ensemble combinant différentes formes de mobilisation : sur nos lieux de travail et d’études, dans nos quartiers, dans la jeunesse… Multiplier les espaces de rencontres pour construire ce mouvement, nous organiser en assemblées générales, nous coordonner pour construire une grève reconductible dans la durée et des manifestations de masse afin de bloquer le pays. C’est le seul moyen de gagner, de faire sauter cette réforme et de se débarrasser de ce gouvernement au service des plus riches.
Pour cela, il s’agit d’organiser la riposte par en bas, dans la plus grande unité possible du monde du travail, de l’ensemble des classes populaires et de la jeunesse, et de leurs organisations. L’unité et la coopération pour faire face aussi à la répression de l’État pour protéger les riches et les puissants.
Un autre monde écosocialiste est possible
Deux modèles de société s’affrontent, et aucun compromis n’est possible avec ceux dont la seule préoccupation est d’assurer la survie d’un système en crise, quitte à broyer l’humanité et la planète. À l’heure où la crise climatique causée par ce système productiviste fait rage et où nous sommes pris à la gorge par l’inflation (notamment sur les produits de première nécessité et l’énergie), les capitalistes distribuent 80 milliards de dividendes aux actionnaires du CAC 40...
Contre eux, nous défendons la rupture avec ce système. Pour une société où l’on travaille moins pour travailler touTEs, et où l’on produit mieux, en fonction des besoins et en respectant la planète. Pour en finir avec le capitalisme, il faut donc prendre nos affaires en mains, et nous organiser pour décider par nous-mêmes comment réorganiser la société.
Dès maintenant, il est nécessaire de construire l’outil politique d’une gauche de combat aussi fidèle aux oppriméEs et aux exploitéEs que Macron l’est aux capitalistes et au patrons : un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, une force pour contribuer au renversement du capitalisme, vers une société écosocialiste. S’organiser maintenant parce que nos vies valent plus que leurs profits.