C’est peu dire que jusqu’au bout, cette université d’été 2020 aura été pleine d’inconnues. Malgré tout, celle-ci s’est bel et bien tenue, sans rien perdre de ses temps politiques et de ses soirées conviviales, malgré la pression de la crise sanitaire...
Commençons d’abord cet article de bilan en présentant nos excuses à toutes celles et ceux que nous n’avons pas pu accueillir cette année, faute de place. Le nouveau développement de la pandémie au cœur de l’été ne nous a pas permis de relancer la campagne d’inscriptions gelée fin juillet, fermant la porte à au moins une centaine de demandes et nous interrogeant même sur la possible tenue de cette université d’été. Lieux de réunion ouverts et avec distanciation assurée, gel et masques omniprésents… c’est donc dans un climat assez particulier que plus de 500 participantEs sur l’ensemble de l’initiative se sont retrouvés au village vacances Rives-des-Corbières à Port-Leucate.
Invitations à débattre
Si quelques défections ont eu lieu au vu de la situation sanitaire (mais pas seulement pour cette raison, tel Jean-Marc Rouillan « interdit » d’université d’été par la justice…), la très grande majorité des intervenantEs annoncés étaient bien présentEs. S’il reste bien entendu difficile de tirer un bilan exhaustif de ces interventions, signalons donc – en les remerciant une nouvelle fois – la présence dans des ateliers bien fréquentés d’Olivier Le Cour Grandmaison, Sophie Béroud, Paul Rocher, Clément Petitjean, Daniel Tanuro, Ludivine Bantigny, Éric Toussaint, Benjamin Bayart, Willy Gianizzani, Fanny Gallot, Gilles Martinet, Joseph Daher, Gérard Chaouat, Sandrine Caristan… pour des échanges en prise avec nos préoccupations militantes.
Au niveau des organisations représentées, soulignons d’abord la tenue des deux débats centraux à 17 h. Dimanche, le premier a réuni 150 personnes autour de la question du programme d’urgence, et de comment le défendre, en présence de représentantEs nationaux : Aurélie Trouvé (Attac), Céline Verzeletti (CGT), Murielle Guilbert (Solidaires), Éric Coquerel (La France insoumise) et Matthieu Brabant (Ensemble !). Mardi, devant une grosse centaine de personnes, des membres de la direction de Lutte ouvrière et du NPA ont pu débattre de l’héritage du trotskisme, 80 ans après l’assassinat du révolutionnaire russe. Et dans les deux cas, la salle s’est aussi fait entendre !
Soulignons aussi la participation d’une représentante de l’Union communiste libertaire lors d’un débat réunissant une centaine de personnes consacré à l’actualité de la Commune de Paris (dont on va fêter dans quelques mois le 150e anniversaire), ainsi que des membres de l’Action antifasciste et la Jeune garde Lyon pour des ateliers autour de la lutte contre l’extrême droite.
Enfin, la discussion avec des membres de la liste Bordeaux en luttes, dont bien évidemment notre camarade Philippe Poutou, a aussi fait le plein pour un échange ramassé dans la durée mais riche.
Interventions pour résister
D’autres invitéEs ont aussi fait souffler le vent de la révolte et des luttes à Port-Leucate. Parmi ceux-ci, remercions pour leur présence les différents représentantEs de collectifs contre les violences policières – Almamy Kanouté (La vérité pour Adama), Fatou Dieng (sœur de Lamine) et Diané Bah (frère d’Ibrahima) – qui ont participé aux côtés de Raphaël Kempf et de Taha Bouhafs à une plénière, réunissant plus de 200 participantEs, contre le racisme et les violences policières (lire ci-contre).
De même, la prise de parole lors du meeting de Rachel Keke et Sylvie Kimissa, grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles, accompagnées de Tiziri Kandi de la CGT-HPE, a contribué à mettre en avant une lutte qui dure depuis plus d’un an face au groupe Accor.
Enfin, lors de ce même meeting, Marielle, membre du Comité de soutien et de libération à Roland Veuillet, a montré l’injustice et l’acharnement contre Roland, notre camarade anticapitaliste Gilet jaune, en prison depuis plusieurs mois.
Dans nombre d’ateliers et lors du meeting autour d’Olivier Besancenot et de Christine Poupin se sont aussi fait entendre de nombreux militantEs ou sympathisantEs du NPA partie prenante des luttes de ces derniers mois ou en cours : dans la santé (hôpitaux et travail social), à la SNCF et à la RATP, dans l’aéronautique (chez Airbus et dans la sous-traitance) et à Air France, dans les raffineries, dans l’Éducation nationale et les Finances publiques, dans le commerce (avec la mobilisation en cours contre le travail du dimanche à Biocoop), à l’inspection du travail…
Et pour bien terminer…
Enfin, difficile de ne pas conclure sur ce qui reste un temps de convivialité et de détente apprécié : nos soirées. Cette année, le débat politique aura beau avoir été très âpre et la pression du risque Covid toujours constante, il restait toujours possible (muni de son masque pour passer commande au comptoir...) de boire un coup et de danser jusque tard dans la nuit.
Pour les plus « studieux », le programme n’a pas été en reste. Lundi soir, une salle bondée (250 spectateurs distanciés) pour la projection en avant-première de l’excellent film Un pays qui se tient sage en présence du journaliste, réalisateur et auteur David Dufresne, puis les jours suivants, un bel hommage à Maurice Rajsfus avec la participation de son fils Marc Plocki, des projections suivies d’échanges pour deux documentaires en présence des réalisateurs Patricio Pardo Avalos (Monica y el Ronco autour de la résistance à Pinochet au Chili) et Arthur Thouvenin (Imagine, demain on gagne et ses figures de Gilets jaunes de Saint-Nazaire).
Bref, cette douzième édition d’un rendez-vous toujours fort apprécié des militantEs et sympathisantEs a une fois de plus résisté à l’adversité. Espérons donc que le seul virus qui y aura circulé est celui d’un anticapitalisme radical mais aussi ouvert, à l’image de cette université d’été, pour la transformation et la rupture révolutionnaire avec un monde dont on ne veut plus. Avanti !