Publié le Samedi 11 avril 2009 à 13h04.

600 licenciements chez Bénéteau : mode d'emploi !

Soumis par vendee85 le sam 11/04/2009 - 13:04

Une recette de cuisine patronale pour licencier façon Bénéteau-Vendée. 

D’abord, épluchez les comptes et accordez 10 % de hausse à vos actionnaires pour l’année 2008 .Pendant ce temps, débarrassez le plan de travail de tous les intérimaires avant l’été 2008 et de tous les travailleurs sous contrat à durée déterminée à l’automne.Faire mijoter les 4000 travailleurs à feu doux durant l’hiver par de nombreuses mesures de chômage dit « techniques » et par des réductions de salaires (passage de 15 mois à 12 mois, suppression des primes et de l’intéressement (tiens donc !). 
Faites chauffer ensuite le plan communication. Distiller savamment dans la presse des informations sur un possible plan de 900, 800 licenciements, laisser courir les bruits et les chiffres. Laisser refroidir à couvert, ne prenez aucun contact avec les représentants du personnel. Dans le même temps faîtes réduire les charges de sous-traitance par des dégraissages continus dans les petites entreprises qui vous sont pieds et poings liées. Des centaines d’emplois sont supprimés sans vague aucune. 
Annoncez brutalement 590 licenciements au printemps 2009 (vous n’avez pas osé annoncer 599, cela aurait trop ressemblé aux soldes des grands magasins). Servir très chaud avec une sauce aigre-douce : dites que vous êtes « en sureffectifs de 1590 emplois » et que « vous avez sauvé 1000 emplois »(sic!). Dites le sans rire et laissez la presse diffuser l’information. 
Et voila !…Votre action grimpe immédiatement de 5,14% (10 avril 2009). Préparez le deuxième service pour l’automne prochain. 
Pendant ce temps, laissez votre ami, président du Conseil général, vanter les mérites du « modèle miracle vendéen », département où les ouvriers sont sensés se contenter de peu et être dociles. Département du « Vendée globe », la course qui fait de la pub au frais du contribuable pour les voiliers…Oh ! Hasard ! Vous vendez des voiliers. 
Votre cuisine nous fait vomir…
Annexes :  articles de Ouest-France 10 04 2009 
“Hier après-midi, le couperet tombe : 590 emplois sont en grand danger. A la grande fureur des syndicats, réunis le matin en comité central d’entreprise pour élire leur secrétaire et qui faisaient grand bruit sur le procédé de la direction : « Cette annonce a été faite sans aucune concertation », tonnait Thierry Couteau, (CFDT) tout juste porté au secrétariat du comité d’entreprise.Étrange journée au demeurant, avec, vers 13 h, des syndicalistes muets comme des tombes, sur le parking du centre de prototypes de Dompierre, suite à un échange de trois heures avec Bruno Cathelinais, président du directoire de Bénéteau.
Puis, contraste saisissant, vers 16 h 30, quand ce sont les patrons des dix sites du littoral et de Jeanneau aux Herbiers et à Cholet, qui ont lu et commenté un communiqué long et précis de la direction aux salariés rassemblés juste avant la débauche.
Les salariés réagissent diversementAu Poiré-sur-Vie (200 salariés), par exemple, les réactions alternent entre circonspection et sensation de douche froide : « Ce n’est pas une surprise. On s’y attendait. Maintenant, il faut regarder les propositions de sauvegarde de l’emploi de plus près avant de juger », s’avance prudemment un salarié à peine sorti du site, sur le parking. Un autre salarié : « On prend sur nous et on fait avec ». Quelques-uns sont plus optimistes : « La boîte a une bonne mentalité. Ici, c’est clair ».Un comité central prévu le 20 avril
Chez les syndicats, la tension est perceptible. D’abord, la situation sociale est tendue depuis des mois, avec des milliers d’heures de chômage partiel, une production en baisse de moitié et des perspectives de reprise du marché de la plaisance hypothétiques jusqu’en 2010. Le regroupement de l’entreprise en une seule entité (SPBI) unissant Jeanneau, Bénéteau et BJT, a aussi laissé des traces.
La CFDT s’adjuge le secrétariat du CCE (au collège ouvrier 4 sièges CFDT, 3 sièges CGT, un FO et un CFTC) au nez et à la barbe de
la CGT qui voyait encore la veille le poste lui revenir : « Il y a certainement eu des pressions de la direction », croit savoir Patrick Boucard, de
la CGT.Une CGT qui voudrait reprendre les rênes de la contestation en demandant, par la voix de Stéphane Février : « Une réunion dès la semaine prochaine pour explorer d’autres pistes de sauvegarde de l’emploi, qui n’exigeraient pas de nouveaux sacrifices des salariés ».
Histoire de devancer le comité central d’entreprise du 20 avril où le plan de sauvegarde doit être officiellement annoncé.
La CGT s’apprête aussi à demander le regard d’un cabinet d’experts pour regarder de plus près le contenu du PME de Bénéteau.
Six grandes mesuresLes salariés, eux, sont plus préoccupés de savoir comment le plan va être mis en musique. L’enjeu des semaines à venir est de savoir si les six grandes mesures de la direction (départs volontaires, transferts vers d’autres activités du groupe, réduction de la sous-traitance, réduction du coût du chômage partiel, etc.) vont suffire pour « rentrer dans les clous » du plan de sauvetage de mille postes en « sureffectif ». A ce niveau-là, rien n’est encore complètement écrit.“
Ouest-France 
A Saint-Gilles : « Il faut sauver tous les salariés »


Après l’annonce du plan social, les syndicats de Bénéteau sont déterminés à préserver l’emploi.
« Nous sommes prêts à négocier si nous sauvons tous les salariés » disent à l’unisson les délégués syndicaux chez Bénéteau. Patrick Boucard et Michel Chopin de
la CGT sont catégoriques, ils ne signeront pas les propositions faites par la direction. Un sentiment partagé par Stéphane Février délégué CFDT. « La direction a les moyens de passer la crise. Elle a les moyens de verser des dividendes aux actionnaires. Aujourd’hui, la direction nous parle de beaucoup d’espoir pour l’avenir. Sinon on ne sortirait pas près d’une trentaine de nouveautés. Et aujourd’hui, on nous présente un état de sureffectif de 1590 postes. » « Nous voulons bien discuter, mais nous avons déjà fait beaucoup d’efforts poursuit Michel Chopin. Nous sommes passés de 15 mois de salaire à 12 mois. Il n’y aura pas d’intéressement ni de participation cette année. »« Il y a d’autres pistes de travail à envisager » estime Patrick Boucard que de laisser 590 personnes sur le carreau. « Et nous n’avons aucune assurance qu’il n’y aura pas les mêmes mesures demain », se méfie Stéphane Février. Les syndicalistes s’estiment court-circuités par une direction qui présente un plan dont il n’ont pas eu connaissance auparavant. « Notre but va être d’expliquer aux salariés pour qu’ils ne cèdent pas à la panique. »
Ouest-France