Ce jeudi 22 janvier, Najat Vallaud Belkacem, a annoncé une série de mesures pour marquer « l'engagement résolu à former les futurs citoyens aux valeurs de la République". Ces annonces viennent après une intense campagne médiatique montant en épingle des « incidents » survenus au moment de la minute de silence imposée par le gouvernement dans tous les établissements scolaires à la suite des assassinats perpétrés au siège de Charlie Hebdo et dans l’hypermarché casher de la porte de Vincennes. Quarante élèves ont même été dénoncés à la police.
Le 14 janvier dernier, à l’Assemblée nationale, la ministre de l’Education avait déclaré: « entendre "Oui je soutiens Charlie, mais", les "deux poids, deux mesures", les "pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ?" Ces questions sont insupportables. »
Outre que cette campagne cherche à culpabiliser les enseignants qui ne feraient pas bien leur travail, comme s’ils n’éduquaient pas quotidiennement à la citoyenneté, quelle hypocrisie ! Où était la liberté d’expression quand ce même gouvernement interdisait les manifestations pour dénoncer les massacres commis par l’Etat d’Israël à Gaza l’été dernier ?
Où sont les « valeurs civiques » lorsque la corruption et les affaires règnent jusque dans les sommets de l’Etat.
Où est la fracture si ce n’est entre ce que la république prétend être - liberté, égalité, fraternité - et la réalité quotidienne d'une guerre sociale menée contre les travailleurs et la jeunesse, qui produit l'injustice, la compétition et le racisme.
Dans l'éducation, ce sont les suppressions de postes, la dégradation des conditions d'études, et dernièrement la casse de l'éducation prioritaire, qui s'ajoutent aux reculs sociaux que subissent les élèves et leurs familles. C'est aussi la culpabilisation des élèves au nom de l'égalité des chances quand l'origine sociale détermine en grande partie l'avenir des jeunes.
Hier Valls annonçait un arsenal de mesures sécuritaires destinées à mener «la « guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical » comme il l’avait déclaré à l’Assemblée le 13 janvier. Aujourd’hui son ministre de l’Education y rajoute la morale en promettant aux enseignants une formation par ailleurs dérisoire pour qu’eux-mêmes soient à même de faire la morale à leurs élèves. Et rien ou presque « contre les inégalités sociales », rien pour empêcher ne serait-ce que la continuation de la dégradation des conditions d’études et de travail à l’école.
Nous n’en serons pas ni de cette union nationale ni de cette hypocrisie !
Montreuil, le 22 janvier 2015