Lors de son intervention aujourd’hui devant le conseil économique social et environnemental, le Premier ministre vient de préciser le calendrier de la contre-réforme des retraites, principal objectif de « l'acte deux » du quinquennat Macron. Ainsi, le gouvernement prévoit le vote du texte d'ici l'été 2020, très probablement après les élections municipales...
Face à la colère sociale qui s'exprime en cette rentrée par la multiplication de luttes, aux braises du mouvement des Gilets jaunes qui couvent toujours, le pouvoir tente une nouvelle opération d'anesthésie sociale en refaisant le coup du « dialogue social » et du « grand débat ». On se demande bien à quoi ont pu servir les 18 derniers mois de prétendue « concertation » avec les syndicats et de « débats » sur internet, s'il est nécessaire de tout recommencer pendant plusieurs mois.
La réalité, Philippe l'a bien précisé dans son intervention, c'est que le pouvoir est décidé à imposer coûte que coûte un projet de « retraites par points », qui signifie la baisse massive des pensions, et le recul de l'âge de la retraite, cela pour les générations à venir, pour les salariéEs du public comme du privé. Il veut imposer une « enveloppe fermée » et fixe de 14 % du PIB, alors que le nombre de retraitéEs ne va cesser d'augmenter. Le seul « débat » qui subsiste porterait alors sur la répartition de cette baisse. « Age pivot », « durée de cotisation », il s'agit seulement de savoir qui sera le plus perdantE parmi les perdantEs, et à ce jeu, ce sont les femmes et les plus précaires seront les plus impactéEs.
Sans surprise, le seul vrai gagnant de l'opération serait le patronat qui obtient la garantie de ne jamais voir les cotisations retraites augmenter. Pour savoir dans quel sens iront les propositions de la concertation, il n'y a d'ailleurs aucune ambigüité, puisque ce sont deux grands patrons qui sont chargés de présider leur élaboration : Sophie Bellon, présidente du conseil d’administration de Sodexo, et Jean-Manuel Soussan, directeur des ressources humaines du groupe Bouygues Construction. On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même !
L'heure n'est pas à un nouveau « grand blabla » sur les retraites : il y a urgence à préparer dès maintenant la mobilisation unitaire - réunissant salariéEs, Gilets jaunes, jeunes, retraitéEs, forces de la,gauche sociale et politique - pour imposer le retrait de ce projet de réforme par point, en se donnant les moyens de réussir, face à un pouvoir dont chacun connaît la détermination. Après la journée de grève qui s’annonce massive à la RATP demain, la journée de grève et de mobilisation du 24 septembre à l’appel de la CGT et de Solidaires doit en être la première étape.
Montreuil le jeudi 12 septembre 2019