Depuis l’assassinat de Thomas Sankara en 1987, Comparoé a régné en maître pendant près de 30 ans sur le Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres du monde, avec le soutien de la France. Le formidable soulèvement de la population en octobre 2014 a fini par mettre fin à son règne. Il vit depuis dans un exil doré en Côte d’Ivoire grâce aux bons soins de la France qui continue à entretenir sur place ses « forces spéciales ».Aujourd’hui c’est le bras droit de l’ancien dictateur, le général Diendéré, qui vient de perpétrer à son tour un coup d’état pour préserver les intérêts politiques et économiques de tous ceux qui se sont enrichis pendant des années et qui ne veulent surtout pas rendre de compte en stoppant net tout processus démocratique.La « transition démocratique » mise en place après l’insurrection populaire en octobre 2014 sous le contrôle des grandes puissances avait prévu des élections le 11 octobre de cette année. Mais pendant un an, rien n’avait été sérieusement entrepris pour mettre en cause le pouvoir de la petite oligarchie qui domine le pays avec le soutien de l’impérialisme français, parfois en connivence, parfois en concurrence avec les Etats-Unis.Ce que Diendéré cherche à faire au travers de ce coup de force, ce n’est pas seulement mettre fin au processus électoral, en écartant au passage quelques rivaux même si la plupart sont issus du même sérail : l’objectif est de terroriser la population dans un pays où elle est particulièrement organisée et mobilisée, avec ses propres revendications et sa soif de justice sociale. La volonté est clairement de refermer la parenthèse de contestation ouverte il y a un an de libre expression de ses propres revendications.Notre solidarité va tout naturellement à tous les travailleurs et à tous les pauvres qui se battent aujourd’hui pour leur survie et leur dignité, hommes et femmes, à tous les militants syndicaux, politiques, associatifs, qui veulent préserver et élargir les acquis de l’insurrection d’octobre 2014, aux différentes actions de résistance qui ont commencé, et notamment l'appel à la grève générale lancée par la CGT-B. Mais pour que la population au Burkina Faso puisse s’exprimer librement, il faut que l’impérialisme cesse tout soutien aux divers clans de l’oligarchie qui dominent le pays.Cela veut dire très concrètement le retrait immédiat des troupes militaires françaises, le gel de tous les avoirs financiers détenus à l’étranger par les putschistes et par tous ceux qui sont convaincus de corruption au Burkina Faso, l’annulation de la dette. C’est au peuple Burkinabè et à lui seul de choisir son destin. Montreuil le 18 septembre 2015