Les déclarations de Cazeneuve vendredi dernier et la manifestation pour le « démantèlement de la jungle de Calais » ont remis au-devant de la scène le scandale de la politique de rejet des migrants en Europe et en premier lieu en France. Aujourd’hui, près de 10000 personnes sont bloquées et parquées à Calais et empêchées de rejoindre la Grande Bretagne. Evidemment, cette situation crée des tensions quotidiennes avec une population locale déjà frappée par les politiques d’austérité.
La question cruciale est de mettre fin au traitement inhumain subi par les migrants. Au lieu de traiter cette urgence sociale, la présence des réfugiés cherchant un asile en Grande Bretagne est utilisée politiquement à droite comme à gauche pour courir derrière les positions du Front national. L’exaspération de la population locale pour qui la situation quotidienne est évidemment rendue difficile est dévoyée pour exacerber le racisme contre les réfugiés.
Nous nous opposons au démantèlement du camp de la Lande de Calais, parce que des structures sont nécessaires pour loger les migrants dans les conditions les moins mauvaises possibles. L’Etat français, soucieux de dissuader les migrants, cherche en permanence à les disperser, et impose dans ce camp des conditions de survie indécentes. Ils ont besoin d’un vrai camp de réfugiés, correspondant au minimum aux normes de ceux gérés par le HCR, de camps de halte et d’accueil, dans et autour de Calais - avec un accueil 24/24h, gérés par des professionnels, aidés par des associations locales. Et, pour ceux qui souhaitent s’installer en France, même temporairement, des logements et des emplois.
Cela montre, une fois de plus, qu’il faut ouvrir les frontières et garantir la liberté de circulation. Alors que plus de 5 millions de Syriens ont fui leur pays anéanti par la guerre, l’Europe a comme seul souci de fermer ses frontières. Plus de 2500 migrants ont perdu la vie en Méditerranée depuis huit mois à cause de cette politique ignoble. Les frontières tuent et la politique de l’Europe assassine. La France elle-même ferme aussi ses frontières aux migrantEs qui vivent ainsi dans des conditions indignes à Vintimille alors qu'ils veulent venir en France.
Cela montre l’hypocrisie de la politique de la France : elle a accepté 5000 dossiers de droits d’asiles de Syriens, c’est-à-dire pratiquement rien, alors que la Suède en a accueilli dix fois plus, l’Egypte 130 000, le Liban 1,1 million, l’Allemagne en théorie 1,5 million… Si des migrants se concentrent à l’entrée du tunnel de Calais pour partir en Grande-Bretagne, c’est que la politique de la France, depuis plus de 10 ans, vis-à-vis des migrants est une des plus ignobles en Europe.
Nous n’acceptons pas que l’on oppose les besoins urgents des migrants et ceux du reste de la population. Les moyens existent largement pour accueillir les migrants en France et répondre aux exigences des classes populaires de ce pays, en matière de logements, de Sécurité sociale et d’emplois. Mais pour cela, il est urgent d’en finir avec les politiques d’austérité patronales, l’accumulation scandaleuse de richesses consacrées à la spéculation et à l’enrichissement d’une petite minorité d’exploiteurs, profiteurs des guerres et des politiques d’austérité, poussant à la misère. Nous avons été des millions à l’exiger ces derniers mois dans les rues contre la loi Travail.
Le NPA, et son candidat Philippe Poutou, réclament la liberté de circulation et d’installation, la fin des quotas d’entrée en France, la mise en place de conditions d’accueil décentes.
Montreuil, le 6 septembre 2016