A la suite des violents démantèlements de campements de Rroms qui ont eu lieu tout l’été notamment en Seine-Saint-Denis, conformément aux directives de Manuel Valls, des centaines de Rroms, dont de nombreux enfants, se sont repliées sur la zone industrielle des Docks de Saint-Ouen à la fin juillet. Leur campement compterait aujourd’hui environ 900 personnes, empiétant sur une voie ferrée qui dessert une centrale de la Compagnie Parisienne de Chauffage urbain (CPCU), qui alimente en chauffage hôpitaux, crèches et logements. Les habitations ultra précaires ont ainsi obligé la chaufferie à s’approvisionner en charbon par camions, ce qui représente un coût plus élevé par rapport au transport ferroviaire. Voilà le principal problème. Il n’y a en aucun cas un risque pour que les hôpitaux parisiens se voient privés de chauffage à cause du campement Rrom, comme certains journaux le laissent entendre.
Alors que le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné le 2 octobre l’évacuation du campement d’ici un délai de deux mois, menaçant de mettre à la rue des centaines de famille à la veille de l’hiver, la maire Front de Gauche de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon, est allée encore plus loin, estimant ce délai trop long et en appelant à Manuel Valls afin de s’assurer que le démantèlement soit effectif, et cela avant le 12 décembre. Elle a également demandé à l’Etat "d'assumer pleinement ses responsabilités. Si chaque ville d'Ile-de-France avait, comme Saint-Ouen, un village d'insertion, ces bidonvilles n'existeraient plus". On peut s’étonner que la maire ose mentionner ce qui correspond en fait à un terrain de 50 mètres de long, pouvant accueillir tout juste une vingtaine de familles, encerclé de parois en béton et parqué en pleine zone industrielle… quelle insertion ! Autant dire que le désengagement de l’Etat de cette initiative a bien arrangé la mairie, puisqu’il lui a permis de justifier la fin des subventions municipales, sous prétexte que la mairie ne pouvait à elle seule financer une telle « expérience ». Aujourd'hui, bien que l'eau et l'électricité soient coupées, et malgré les menaces d'expulsion de la municipalité, quelques familles résistent et occupent toujours le terrain, dans une situation extrêmement précaire.
A l’approche des municipales, la maire de Saint-Ouen aurait-elle trouvé, dans la droite ligne de la politique du gouvernement PS, un nouveau bouc émissaire pour éviter de parler des « sujets qui fâchent » réellement les habitants ? Au lieu de s’atteler au logement (réellement) social, à l’emploi des jeunes… quoi de plus facile que de canaliser l’opinion publique en criminalisant les Rroms, cette population sur laquelle s’acharnent depuis des mois les pouvoirs publics et un large éventail de partis politiques. Le mouvement lycéen a fait preuve d’une grande solidarité à l’égard des jeunes immigrés, dont Léonarda qui appartient à la communauté Rrom, et a montré tout son rejet de la politique raciste du gouvernement. Le NPA dénonce toute tentative d’expulsion qui laisserait des centaines de familles dans la rue et exige un relogement de tous les habitants du campement dans des conditions dignes, ainsi que la possibilité pour les familles de scolariser leurs enfants, de disposer d’un accès à l’emploi et à la santé.
NPA Saint-Ouen, le 12 novembre 2013