Un an et demi après le début de l'épidémie, Macron se répète, restant fidèle à lui-même et sa « méthode ». N'ayant une nouvelle fois rien voulu voir venir, le président, confronté à la rapide montée en puissance d'une « 4e vague » de l'épidémie de Covid-19, a été incapable dans son allocution d'apporter d'autres solutions que les recettes autoritaires et inefficaces qui n'ont pas fonctionné depuis un an. Au-delà du blabla en « hommage » au personnel de santé ou d’éducation, les annonces de ce soir, en particulier la vaccination obligatoire des personnels soignants et l’extension du Pass sanitaire, s’inscrivent dans cette droite ligne.
Oui, la vaccination est bien un enjeu décisif pour sortir de cette pandémie, et tout doit donc être fait pour la faciliter, en allant au devant de celles et ceux qui ne peuvent pas se vacciner ou ne sont pas encore convaincuEs. Il faut aussi imposer à ceux qui gouvernent le monde la levée des brevets et la réquisitions des entreprises pharmaceutiques, pour une vaccination universelle sans laquelle la répétition de « vagues », de plus en plus contagieuses et virulentes, est inéluctable.
Mais la méthode macroniste, c’est tout l’inverse : vaincre au lieu de convaincre... Ainsi, reniant à nouveau sa propre parole, Macron a annoncé ce soir l'obligation pour les personnels des hôpitaux et des EHPAD à se faire vacciner. Les récalcitrants seront pointés du doigt comme responsables des contaminations, s'exposant à des sanctions : hier « héros » applaudis, aujourd’hui responsables des mortEs et de la poursuite de cette épidémie ? En les stigmatisant, Macron, Véran et cie espèrent détourner l'attention de leurs propres responsabilités dans la remontée de l'épidémie, et dans le délabrement d'un système hospitalier encore moins capable de faire face, faute de personnel et de moyens à cette 4e vague. Leurs promesses de moyens supplémentaires pour les hôpitaux et les EHPAD sont restées du vent, les conditions de travail se dégradent, et le management autoritaire et répressif des directions a repris de plus belle, provoquant écœurement, démissions et, parfois, défiance à l’égard des consignes, y compris celle de la vaccination.
Au-delà de cette obligation vaccinale pour les soignantEs, l’extension du Pass sanitaire à beaucoup de lieux de vie en août (cafés, restaurants, centres commerciaux hôpitaux, maisons de retraite mais aussi dans les avions, trains et cars pour les longs trajets) relève de la même « méthode », celle de la contrainte, voire du passage en force. Tout cela n’est que la continuation de la façon autoritaire dont Macron veut aussi nous imposer une série de reculs sociaux. Ainsi, vantant « notre modèle […] fondé sur le travail et le mérite » (!), le PDG de la République française a affirmé que la réforme de l’assurance chômage sera pleinement mise en œuvre dès le 1er octobre, alors même que celle-ci, largement rejetée et retoquée à deux reprises par le Conseil d’État, était encore combattue il y a quelques semaines, en particulier par le secteur de la culture. Pour la suite, mais sans s’engager sur le calendrier, Macron a aussi indiqué qu’il y aura bien une réforme des retraites dès que la situation sanitaire le permettra, fixant un objectif - « l’âge de départ doit être plus tardif » - prétendument pour « offrir une pension digne » !
« À la rentrée nous aurons rendez-vous avec notre avenir », conclut Macron. Chiche ! Mais c’est bien dans la rue que se scellera d’abord le sort de sa politique, tant l’incurie de ses mesures contraignantes en matière de santé publique que sa volonté de mettre en œuvre l’agenda capitaliste des reculs sociaux. C’est aussi ce que nous porterons dans les urnes avec la candidature anticapitaliste et révolutionnaire de Philippe Poutou à l’élection présidentielle, pour affirmer haut et fort que ce système est incapable de résoudre les grands problèmes de l’humanité et ne fait qu’en créer de nouveaux.
Montreuil le lundi 12 juillet 2021