Depuis le début de l’offensive à Gaza il y a une dizaine de jours, le pouvoir macroniste se livre à une offensive inédite contre les droits et les libertés publiques. Interdiction des manifestations, menaces judiciaires contre les organisations et les personnes, amalgames en tout genre, chasse à toute expression de solidarité avec le peuple palestinien... Darmanin et Dupont-Moretti déploient un arsenal qui, il y a quelques années, faisait encore partie des propositions portées par la seule extrême droite. Jusqu’où ?
Jeudi dernier, à la différence de l’ensemble des autres pays occidentaux où elles ont pu avoir lieu, Darmanin officialisait l’interdiction de toutes manifestations ou rassemblements « pro-palestiniens » car supposés « susceptibles de générer des troubles à l’ordre public ». Des mesures liberticides à juste titre condamnées par des associations de défense de droits humains telle Amnesty qui parle d’une « atteinte grave et disproportionnée au droit de manifester », Darmanin allant même jusqu’à se faire tancer par le chef de la diplomatie italienne, pourtant très à droite : « interdire les manifestations dans un pays démocratique quand ce ne sont pas des manifestations violentes ne me semble pas être juste ».
En accompagnement de cette décision, différents arrêtés préfectoraux étaient pris localement, y compris pour interdire la tenue de réunions publiques. Cela marque un tournant en matière de répression : on porte ici atteinte à la liberté d’expression et de discussion, en interdisant la formulation d’une pensée politique.
Cette volonté d’empêcher toute expression publique et massive de solidarité avec le peuple palestinien, y compris même autour des exigences de cessez-le-feu ou de paix, s’accompagne de lourdes menaces contre des organisations et des personnes. Il y a une semaine, dans un contexte politico-médiatique étouffant, Darmanin annonçait à la télévision sa demande d’ouverture d’une enquête contre le NPA pour « apologie du territorisme »... Quelques jours plus tard, toujours en s’appuyant sur les mêmes dispositifs du code pénal, Gérald Darmanin annonçait avoir « dressé onze article 40 » concernant des associations et des individus. Et ce matin même, c’est la députée Danièle Obono qui est accusée d’ « apologie du terrorisme », Darmanin annonçant sur un réseau social saisir le procureur de la République pour ce motif. Nous tenons à exprimer à Danièle Obono toute notre solidarité, ainsi qu’à ses compagnons de la France insoumise particulièrement visés par la campagne en cours.
Dans un contexte difficile marqué par la guerre au Proche-Orient – où les tueries de civilEs menées par le Hamas sont suivies des crimes de guerre menés par l’État israélien – et par les effroyables assassinats d’Arras et de Bruxelles, ce gouvernement est irresponsable. En mettant en œuvre les mesures les plus liberticides, il veut interdire l’expression des solidarités et même empêcher toute pensée souhaitant comprendre (sans rien excuser) la situation actuelle au Proche-Orient. Pour le peuple palestinien, menacé là-bas par une catastrophe en cours dans la bande de Gaza, pour nos libertés ici, nous ne pouvons laisser faire.
Montreuil, le mardi 17 octobre 2023