Jair Bolsonaro a été élu dimanche avec une confortable avance de 55,2 % des voix. Ce crypto-facho, nostalgique de la période de la dictature, adepte des déclarations les plus réactionnaires et des méthodes les plus autoritaires, a pu profiter d’un alignement néfaste des planètes… Sur fond d’affaires de corruption, après la destitution de la présidente Dilma Roussef et la mise à l’écart de son prédécesseur Lula (mis ensuite en prison).
Dans un contexte de crise profonde du régime et de coup d’État institutionnel, le politicien haineux a su canaliser une très grande partie du sentiment anti-PT (le parti de gauche au pouvoir pendant 13 ans) et du rejet de la corruption et de la violence sociale très fortes au Brésil.
Capitaine de l’armée pendant la dictature, Bolsonaro n’a jamais cachéni sa nostalgie de la dictature militaire qui a dirigé le pays de 1964 à 1985, ni ses liens avec l’armée. Ses déclarations agressivescontre les militants de gauche, ainsi que ses paroles haineuses racistes, sexistesethomophobes, ont encouragé ses partisans à passer à l’acte durant toute la campagne, avec unevague d’agressions perpétrés par ses électeurs, en particulier dans l’entre-deux-tours.
Sur le fond, c’est un ultralibéral autoritaire, en phase avec la Maison Blanche.Grands patrons, police, armée, évangélistes et croyants fanatisés… ont poussé à son élection. Ses annonces –réforme des retraites par capitalisation, recul de l’âge de départ à la retraite, privatisation d’au moins la moitié des entreprises publiques... – ont été saluées comme il se doit par les bourses dès son élection. Plusieurs généraux de réserve devrait intégrer le prochain gouvernement. En matière de politique extérieure, les USA de Trump peuvent crier victoire, car par bien des aspects, de la critique de la Chine aux remises en cause des questions écologistes, le programme de Bolsonaro ressemble à un copier-coller de celui du président US…
Mais le pire n’a pas encore gagné, le peuple brésilien n’a pas été abattu dimanche. Les contradictions du nouveau pouvoir sont explosives et cela crée autant de brèches dans lesquelles la colère sociale pourrait bien s’engouffrer. Alors que Macron a félicité le nouveau président, affirmant sa volonté de poursuivre sa coopération avec ce pays « dans le respect [des] « principes démocratiques », nous voulons pour notre part assurer le peuple brésilien de toute notre solidarité internationaliste. C’est aussi en luttant ici, contre « nos » Bolsonaro et ceux qui leur ouvrent les portes du pouvoir, que nous les aiderons à résister là-bas.
Montreuil, le 30 octobre 2018