Après plusieurs jours de négociation, la Préfecture du Rhône a finalement décidé d’interdire la manifestation antifasciste prévue ce samedi 3 avril à Lyon. Cette manifestation unitaire se voulait une réponse politique de rue à la suite de l’attaque de la librairie la Plume Noire le samedi 20 mars par une cinquantaine de militants fascistes, ainsi qu’aux multiples agressions préalables ces derniers temps (attaque de l’Opéra Occupé par les étudiant.e.s du secteur de la culture, agression de militant.e.s féministes et LGBTI qui s’opposaient à une manifestation anti-PMA). Alors que les organisateur.rice.s avaient finalement accepté le parcours imposé par la Préfecture, celle-ci a tout de même pris la décision d’une interdiction pure et simple. Elle s’est même faite menaçante quant à toute tentative de rassemblement de plus de 6 personnes aux abords du lieu de départ théorique de la manifestation ou devant la librairie attaquée.
Si prompte à interdire la manifestation antifasciste, la Préfecture avait été beaucoup plus tolérante en autorisant un rassemblement organisé par les « pro-vies » (anti-IVG) le dimanche 28 mars, soit une semaine plus tôt. Elle a également semblé peu réactive pour stopper la progression d’un groupe de cinquante militants d’extrême droite, armés et cagoulés, faisant des saluts nazis, un samedi après-midi en plein centre-ville, attaquant une librairie et repartant en groupe.
Après des années d’agressions et d’attaques par les groupuscules fascistes, la violence semble pour la Préfecture être du côté de celles et ceux qui luttent contre ces militants ultra-violents et racistes. En renvoyant dos à dos la haine raciste, antiféministe, LGBTIphobe des fascistes, et les idées de solidarité, de défense des droits humains, de progrès et de démocratie portées par les organisations appelant à la manifestation, la Préfecture et le ministère de l’Intérieur confirment qu’ils ne sont pas des alliés de celles et ceux qui luttent pour une société plus juste. Car la manifestation de samedi avait pour objectif de dénoncer les violences de l’extrême-droite et réclamer la fermeture des locaux fascistes qui ont pignon sur rue dans la ville. Alors que Génération Identitaire a été dissout, leur local, la Traboule, et l’Agogé, une salle de sport, sont toujours ouverts. De nombreux militants de Génération Identitaire étaient d’ailleurs parmi les assaillants de la librairie.
Le gouvernement fait mine de s'en prendre à ces groupes d'extrême droite en décidant de la dissolution très médiatisée de Génération Identitaire, alors que dans le même temps sa politique raciste et antisociale ne fait que leur dérouler le tapis rouge. Depuis plusieurs années, et de manière renforcée ces derniers mois, le gouvernement mène une politique réactionnaire en faisant passer les lois dites « Sécurité Globale » et « Séparatisme », en renforçant la chasse aux exilé.es, en reprenant à son compte les théories de l'extrême droite comme la menace de « l’islamo-gauchisme ». Rappelons tout de même que Darmanin membre de ce même gouvernement, récemment épinglé pour des propos antisémites dans son livre sur le « séparatisme » a été proche de l'Action Française, groupuscule d'extrême droite royaliste, qui s’est illustré il y a peu par une tentative violente d’intrusion dans Conseil régional d’Occitanie. Dernièrement, c'est avec la complaisance et la participation du gouvernement que la droite et l'extrême droite ont mené une campagne de dénigrement contre l'UNEF pour avoir tenu des réunions non-mixtes. Blanquer ira jusqu'à dire que ces réunions mènent « à des choses qui ressemblent au fascisme ». Un amendement proposant la dissolution des organisations qui tiendraient ces réunions non-mixtes a été votée au Sénat ce 1er avril. Cette offensive réactionnaire sans précédent vise celles et ceux qui luttent contre
les oppressions et pour l’égalité des droits, alors que depuis des années des locaux fascistes, comme le local des identitaires à Lyon, sont ouvertement réservés aux blancs.
Ces groupes fascistes sont un poison pour notre classe, leurs idées sont à l’opposé de la société pour laquelle nous luttons, débarrassée des oppressions et de l’exploitation. La restriction des libertés et du droit de manifester ne font que renforcer ces groupes d’extrême-droite. Le NPA sera de toutes les initiatives pour défendre les libertés publiques contre le tournant autoritaire de l’Etat et lutter contre les politiques réactionnaires du gouvernement qui nourrissent et légitiment les idées nauséabondes de l’extrême-droite. Partout où cela est nécessaire, le NPA participera à organiser de manière la plus large possible la riposte contre les violences et les idées fascistes et continuera à oeuvrer à la construction d’un mouvement antifasciste national.
Le NPA 69
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