Partie de Chine, l’épidémie de coronavirus s’étend progressivement à toute la planète. Elle se développe en Asie, au Moyen-Orient (Iran), en Europe, où l’Italie est particulièrement touchée, en Amérique Latine (Brésil). On peut être extrêmement inquiet des effets qu’aurait son développement probable en Afrique.
Ce soir l’annonce brusque de 20 nouveaux cas laisse présager une extension en France.
Sida, Ebola, SRAS, Zika, dengue hémorragique… les grandes épidémies sont de retour, attisées par les effets d’un capitalisme mondialisé. Celui-ci est en effet, dans une seule logique du profit, à l’origine de la circulation irrationnelle et inutile des marchandises et des hommes, du réchauffement climatique, de l’entassement de populations dans des mégapoles, de l’absence de services de santé fiables accessibles à tous.
Les propos lénifiant des gouvernements assurant que « tout est sous contrôle » ne sont pas de mise. L’exploitation des craintes légitimes de la population, par la droite et l’extrême droite, les « remèdes miracles » qu’elles préconisent comme la fermeture des frontières ne le sont pas davantage. N’en déplaise aux Le Pen et autres Ciotti, le virus ne sera pas stoppé par la police aux frontières, et faire croire le contraire, en attisant la méfiance ou la haine à l’égard de « l’étranger », ne peut qu’aggraver les peurs et favoriser la propagation de la maladie.
En l’absence d’antiviraux et de vaccins efficaces, comme dans toute les épidémies de ce type, l’information diffusée rapidement à l’ensemble de la population, les mesures barrières (masque, lavage des mains), l’isolement des malades, leur transport direct vers les services spécialisés sans passer par les urgences, le suivi rapproché des personnes qui ont été en contact avec les malades pendant au moins les 7-14 jours de l’incubation, la protection stricte du personnel médical en contact avec les malades, sont les seuls moyens d’éviter la propagation de l’épidémie.
Comme dans toutes les circonstances dramatiques, le pouvoir ne manque pas d’encourager et de saluer d’une larme les fantassins de la santé envoyés au front pour combattre le virus. Emmanuel Macron n’y a pas manqué ce matin en se rendant à l’hôpital Pitié-Salpêtrière.
Lui qui, poursuivant l’œuvre de ses prédécesseurs, a organisé les coupes sombres dans les budgets hospitaliers, impose sur tout le territoire les fermetures des services clés des hôpitaux comme les urgences, refuse de répondre aux revendications des soignants en grève depuis des mois, a eu l’audace de leur déclarer : « Je compte sur vous et vous pouvez compter sur moi pour qu'on agisse ensemble… » !
Personne ne doute de l’engagement des personnels hospitaliers dans la lutte contre l’épidémie, comme ils ont été au rendez vous lors des attentats de 2015. Mais ils sont les premiers à savoir que cet engagement a ses limites, dans un hôpital fonctionnant à flux tendu, avec des urgences débordées, des lits et des effectifs de personnel manquant, des soignantEs épuisés. Ceux-ci et celles-ci doivent toujours faire plus avec moins. Les recrutements deviennent de plus en plus difficiles, en raison de la pénibilité du travail, des bas salaires, et aujourd’hui le recul prévu de l’âge de la retraite.
La lutte contre l’épidémie rend encore plus urgente la défense de l’hôpital public, la satisfaction des exigences des personnels hospitaliers, l’attribution des moyens qui lui sont indispensables. La santé et parfois la vie de celles et ceux qu’il doit soigner en dépendent.
Montreuil, le 27 février 2020