En menaçant le Venezuela d'une « possible option militaire », le grotesque et dangereux Donald Trump a jeté encore plus d'huile sur le feu de la très grave crise, économique, sociale et politique, que traverse ce pays. Même si tous les gouvernements latino-américains, y compris les plus proches alliés des Etats-Unis, et jusqu'à l'opposition de droite vénézuélienne liée à Washington, se sont démarqués de ces propos, voire les ont condamnés, ceux-ci sonnent comme un avertissement qui ne peut pas être ignoré. Les Etats-Unis d’Amérique ont en effet une longue tradition d'interventions militaires, de soutien à des coups d'Etat et des dictatures militaires dans la région. Et dès à présent ils interviennent – comme le fait aussi, à sa façon, l'Union européenne – au moyen de manœuvres politico-diplomatiques et de sanctions économiques.
Le NPA dénonce toutes ces ingérences et menaces. Il appelle à se solidariser avec le peuple du Venezuela, en premier lieu aujourd'hui en défendant l'intégrité territoriale du pays. Pas un soldat états-unien ne doit poser le pied sur son sol ! Et si demain, par malheur, une telle agression devenait réalité, toutes les forces anti-impérialistes, plus largement toutes celles qui sont attachées au droit à l'autodétermination des peuples, devraient s'unir dans l'action contre les troupes de ‘l'Oncle Sam’.
Cela ne signifie pas, pour notre part, un soutien a-critique ou aveugle à la politique de Nicolás Maduro et de son gouvernement. Les secteurs bureaucratiques chavistes et la ‘bolibourgeoisie’ portent une lourde responsabilité dans la catastrophe actuelle, alimentant par là même les appels au coup d’Etat et actions violentes de la droite revancharde et néolibérale de la MUD (Mesa de Unidad Democrática). La corruption et les détournements de fond, les attaques contre les libertés démocratiques, les trucages électoraux ne sont l'apanage ni d'un camp ni de l'autre, au détriment de celles et ceux d’en bas. Face à la droite et à la vieille bourgeoisie pro-US, Maduro et le gouvernement actuel, de plus en plus appuyés sur l'armée, se présentent comme anti-impérialistes ; ce sont eux pourtant qui payent rubis sur l'ongle une dette extérieure qui saigne de plus en plus le pays, eux aussi qui livrent l'Arc minier de l'Orénoque (12 % du territoire national) à la voracité de multinationales étrangères, avec des conséquences désastreuses pour les populations indigènes et sur les équilibres écologiques.
Notre solidarité politique va aux travailleurs et aux secteurs populaires, qui ont été dans le passé les acteurs de très grandes mobilisations (insurrection dite du Caracazo en 1989, combat victorieux contre le coup d'Etat anti-Chávez de 2002, création d’espaces d’auto-organisation urbains et ruraux depuis plus de 15 ans) secteurs qui, pour l'essentiel, ne sont pas encore intervenus dans la crise présente. Notre soutien va aussi naturellement aux organisations de la gauche anticapitaliste qui luttent aujourd'hui pour faire émerger une telle intervention autonome.
Montreuil, le 15 août 2017