Dans la soirée du 17 septembre, Arroi Baraket, journaliste et militante tunisienne, rentre chez elle en voiture avec des amiEs quand, au milieu d’une rue encore passante, elle est contrôlée par une patrouille de police, quelques minutes après le début du couvre-feu. Après avoir signé le PV de l’amende, elle filme la rue pour montrer les autres voitures circulant librement, et que l’interpellation était donc arbitraire. L’agent de police s’engouffre alors dans la voiture, se jette sur elle, la roue de coups et lui arrache son téléphone. Empêchée de contacter son avocat et le syndicat des journalistes, elle exige qu’il lui rende son téléphone. Mais il continue de l’insulter, dans la rue, avec des propos sexistes, et de la menacer en mentionnant son appartenance au syndicat de police. Plus tard dans la nuit, lorsqu’Arroi se rend au commissariat pour porter plainte contre l’agent, elle apprend que ce dernier a déjà porté plainte contre elle. Le lendemain, elle est présentée au parquet de Tunis en tant qu’accusée.
Le 30 septembre 2021, le procureur général de Tunis poursuit Arroi Baraket pour agression avec « extrême violence contre un fonctionnaire public », et fixe son procès à la date du 22 octobre 2021. Entretemps, Arroi Baraket a déposé plainte concernant l'agression violente dont elle a été victime de la part de l’agent, mais cette plainte n'a toujours pas été traitée.
La répression qui s’abat sur Arroi n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un contexte d'aggravation de la répression en Tunisie et de dégradation sans précédent des conditions de vie et de travail. C'est la réponse d’un État qui reprend le pouvoir face à la rue et tente de balayer les conquêtes de la révolution malgré des mouvements sociaux qui ont continué de s’opposer au régime ces dernières années. La répression, déjà brutale contre les participantEs au mouvement social de l’hiver 2020-2021, s’est encore élargie et intensifiée. Deux mois après le coup d’État de Kais Saied et l’état d’urgence permanent instauré, la police et ses syndicats réactionnaires se sentent pousser des ailes. Les militantEs féministes, LGBTI, politiques et syndicalistes, comme les journalistes opposantEs sont particulièrement cibléEs, agresséEs en toute impunité, et se retrouvent sur le banc des accuséEs !
En France comme en Tunisie, la police et ses syndicats ultra réactionnaires servent avant tout à réprimer les classes populaires et le mouvement social. Partout dans le monde, face aux États de plus en plus autoritaires et leur police belliqueuse, nous opposerons la mobilisation et la solidarité internationale ! Nous appelons, au côté de l’ensemble des organisations signataires, aux rassemblements de soutien le 19 octobre à 18h30, à Paris place de la République et à Lyon devant le consulat tunisien, 14 avenue du Maréchal Foch. Nous exigeons l’arrêt des poursuites à l’encontre d’Arroi Baraket ainsi que de touTEs les militantEs tunisienEs, et la condamnation du policier qui a agressé Arroi Baraket.
Montreuil, le 19 octobre 2021