Depuis le 20 mai dernier on constate une présence policière accrue dans les rues de Belleville où les prostituées sont le plus présentes : contrôles de papiers permanents, photos de leurs visages, menaces d'expulsion, entre autres. Le tout justifié par le contrôle des papiers d'identité de ces femmes immigrées. La répression de la prostitution s'articule donc avec celle de l’immigration, qui s'est accentuée ces dernières semaines, comme en témoigne l’expulsion des migrant-e-s de la Chapelle. Au fond, la mairie de Paris souhaite masquer et reléguer la prostitution hors les murs de la ville afin d’achever la gentrification. Et, comble du harcèlement, la police stationne près du Bus de prévention contre le VIH/SIDA de Médecins du Monde !
Cela s'inscrit dans un contexte de répression accrue des prostituées, alors même qu'une loi de lutte contre le "système prostitutionnel" est en train de faire la navette entre l'Assemblée Nationale et le Sénat. Celui-ci avait réintroduit la pénalisation du racolage dans la proposition de loi le 20 mars dernier. Mais l’Assemblée Nationale a maintenu son projet initial : l’abrogation du délit de racolage conditionnée à l’adoption de la pénalisation des clients…chose faite ce 12 juin.
C'est la même logique prohibitionniste qui est aujourd'hui à l’œuvre à Belleville. La présence policière permanente dans les rues a clairement pour but de faire un « nettoyage social » du quartier. La prohibition cautionne les violences envers ces femmes et ne les aide en rien. Le harcèlement policier, en retirant la prostitution de la rue, ne la supprime pas : il met simplement les femmes dans des situations encore plus dangereuses, les expose à encore davantage de violences et dégrade leur capacité de résistance collective. En effet, ces mesures répressives ne feront que dégrader un peu plus les conditions de vie des prostituées, les poussant dans la clandestinité, qui elle-même entraîne l'isolation, l'augmentation des risques, l'exploitation et les violences, des viols aux meurtres. Un cap a été franchi depuis quelques jours puisque plusieurs femmes ont été conduites en centre de rétention administrative. Le NPA s’y oppose sans concession !
Montreuil, le 22 juin 2015