Le NPA dénonce la réception par Emmanuel Macron à Paris, le vendredi 5 janvier, du chef de l’État turc. Cette visite devient même une provocation, à la veille de la commémoration de l'assassinat, le 9 janvier 2013 à Paris, des trois militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Soylemez, dans lequel Erdogan a reconnu l’implication des services de renseignements turcs. Le NPA sera présent à la manifestation « Vérité et Justice pour Sakine, Rojbîn et Leyla » organisée par le CDKF (Conseil Démocratique Kurde en France), samedi 6 janvier, à 11h, à la gare du Nord à Paris.
Personne n’est dupe quand Macron annonce que la question des droits humains sera sur la table du déjeuner. En effet Macron a fait le choix de profiter des tensions entre l’Allemagne et la Turquie pour faire prospérer les affaires des quelques 400 sociétés françaises présentes en Turquie. On parie que, plutôt que des massacres perpétrés par l'armée turque contre les Kurdes, des 140 000 fonctionnaires limogéEs, des dizaines de milliers de journalistes et militantEs emprisonnéEs, il sera question de renouvellement de contrats pour les entreprises françaisesdéjà présentes (Engie, Renault, Sanofi, Groupama, Axa, etc.) mais aussi des nouveaux contrats sur lesquelles elles lorgnent. Sans oublier la responsabilité du gouvernement français via l’Union Européenne d’avoir, depuis 2016, décidé de payer le gouvernement turc pour maintenir en Turquie les migrantES qui voulaient rejoindre ou avaient déjà rejoint l’Europe en risquant leur vie. Le résultat de cet accord scandaleux ce sont 3,5 millions de réfugiéEs bloqués en Turquie et le renforcement de la militarisation de la société turque pour gérer une telle situation.
Alors sans hypocrisie, à cette occasion Emmanuel Macron pourrait répondre à deux exigences :
1. Comme le demandent les organisations démocratiques d’Europe, que l’Union européenne et la France retirent enfin le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan, dont Sakine Cansiz était une fondatrice) de la liste des organisations terroristes de l’UE. Le PKK est en première ligne contre les terroristes de Daech et les États dictatoriaux patriarcaux du Moyen-Orient. C’est Erdogan, le terroriste d’Etat qui a financé et armé Daesh et poursuit une politique de répression impitoyable contre ses opposants en Turquie, qu’il faut interdire de séjour en France.
2- Abroger l’« Accord de coopération en matière de sécurité intérieure avec la Turquie » du 7 octobre 2011, voté par le Parlement du temps de la présidence de Sarkozy et non abrogé sous la présidence de Hollande. Un accord de coopération qui fait des services de renseignement français les complices, au moins passifs, des crimes perpétrés par le MIT (renseignement turc) en France.
Montreuil, le 5 janvier 2018