Le NPA apporte son soutien aux deux journalistes indépendants Soulaiman Raïssouni et Omar Radi, arbitrairement placés en détention provisoire depuis près d'un an et en grève de la faim depuis le 8 avril pour protester contre leurs conditions de détention et de jugement (audiences sans cesse reportées, refus répétés de leurs demandes de remise en liberté provisoire, détention à l'isolement...).
Soulaiman Raïssouni est éditorialiste et rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, le dernier journal indépendant du pays, cible d'un véritable acharnement judiciaire notamment depuis sa couverture du Hirak du Rif, soulèvement populaire dans le nord du Maroc en 2017. Le journal a récemment dû mettre la clef sous la porte (condamnation à 15 ans de prison ferme de son directeur, Taoufik Bouachrine, en 2018 ; arrestation en 2019 de la journaliste et nièce de Soulaiman, Hajar Raïssouni...). A l'encontre de ces journalistes comme de toute voix dissidente, l'utilisation de chefs d'accusation à caractère sexuel fait de plus en plus partie de l'arsenal destiné à réprimer la liberté d'expression et de la presse au Maroc et a pour but de décourager toute tentative de solidarité internationale : accusation d'« attentat à la pudeur avec violence et séquestration » pour Souleiman, de viol et agression sexuelle, en plus des accusations d'espionnage et d'« atteinte à la sûreté de l'Etat » contre Omar, journaliste engagé et militant des droits humains internationalement reconnu, détenu au terme d'un long acharnement judiciaire et policier.
Ces arrestations s'inscrivent dans le cadre d'une vaste campagne de musellement de toute voix critique menée depuis deux ans en répression du puissant mouvement de contestation sociale et politique du Hirak, campagne dont pâtissent journalistes, militants, intellectuels et artistes contestataires : condamnation à un an de prison de l'historien et militant des droits démocratiques Maati Monjib pour « atteinte à la sûreté de l'Etat », condamnation du youtubeur Chafik El-Omerani, en grève de la faim depuis fin février, pour « outrage à des institutions constitutionnelles »...
Le NPA s'associe à la pétition de 120 journalistes marocains qui dénonce l'impunité d'une « presse de diffamation », liée aux services de sécurité et chargée de salir la réputation des voix contestataires, et la « violation répétée de la présomption d'innocence » de Souleiman et d'Omar, dont la grève de la faim hypothèque gravement leur santé déjà très fragile. Avec eux, le NPA réclame la fin de leur isolement pénitentiaire, leur libération immédiate ainsi que celle de tous les leaders du Hirak, détenus politiques et d'opinion au Maroc abusivement détenus au terme de procès iniques entachés d'accusations de torture.
Montreuil le mercredi 21 avril 2021