Rien ne va dans ce que Macron vient d’annoncer ce soir. Pour répondre à la grave crise sanitaire dont cette « deuxième vague » épidémique était annoncée, après plusieurs mois d’improvisation, d’inertie et d’inaction, on ne s’étonnera même pas que les seules décisions du pouvoir sur une question de santé ne consistent qu’à proposer une nouvelle fois une privation générale des libertés… sauf cette fois-ci celle d’aller bosser ! Un bel aveu d’incompétence.
Vantant son bilan de ces derniers mois, ce que Macron nous propose derrière les chiffres assénés, ce n’est donc pas une politique cohérente s’appuyant sur des protocoles sanitaires stricts sur les lieux de vie, d’études et de travail, une véritable stratégie nationale de dépistage, des moyens pour les hôpitaux et des protections gratuites (masques en particulier) pour l’ensemble de la population… mais une nouvelle forme de confinement pour au moins ces quatre prochaines semaines, qui accompagne le prolongement de l’état d’urgence sanitaire voté pour ces quatre prochains mois.
Ce confinement new look n’a qu’un seul but : nous priver de toutes les possibilités de vivre, sauf celle d’aller travailler, d’où aussi l’ouverture des établissements scolaires. « Les écoles resteront ouvertes, le travail pourra continuer ». Derrière le blabla sur la défense à tout prix de la « vie humaine », la « vie économique », c’est-à-dire la bonne marche de la machine à profits capitaliste, doit continuer… À croire que les seuls moments où l’on risque la contamination soit la vie de famille, les rencontres avec les amiEs et les temps de loisirs, mais pas les lieux de travail !
Et après l’extension du couvre-feu la semaine dernière, le prolongement de l’état d’urgence sanitaire votée par l’Assemblée nationale il y a quelques jours pour une durée de quatre mois marque l’affirmation d’un régime d’exception, une limitation des libertés. Le retour de l’attestation annoncé ce soir par Macron en est aussi une illustration.
Dans beaucoup d’hôpitaux, il n’y a déjà plus de lits de réanimation, les services dédiés à la gestion de la pandémie sont en voie de saturation, et les personnels fatigués. Qu’a fait ce gouvernement ces derniers mois pour préparer les établissements de santé à cette nouvelle réplique, si ce n’est distribuer des dizaines de milliards aux seules entreprises prétendument pour la « relance » ? Alors que depuis deux décennies, des dizaines de milliers de lits ont été supprimés, où sont passées les belles promesses de Véran de créer plus de 12 000 lits de réanimation, dont on mesure déjà la cruelle absence ? Pourquoi il n’y a eu aucun recrutement de personnels de santé entre la première vague de mars et avril dernier et aujourd’hui ?
Nous ne pouvons accepter la restriction de nos libertés, que notre vie sociale soit réduite de façon si caricaturale au « métro boulot dodo » et au cloisonnement, alors que rien n’est fait pour notre santé, pour permettre à l’hôpital public de répondre à cette grave crise sanitaire. Notre colère ne sera pas confinée. Plus que jamais, notre camp social et ses organisations doivent se mobiliser pour refuser ces nouvelles restrictions des libertés publiques et mettre en avant les mesures pour défendre notre droit à vivre en bonne santé : nos vies, pas leurs profits !
Montreuil le mercredi 28 octobre 2020