Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a rendu son oracle. Dans un nouveau rapport commandé par le Premier ministre, il prévoit un besoin de financement supplémentaire des régimes de retraites allant de 7,9 milliards à 17,2 milliards en 2025, date de la mise en place de la réforme « systémique » de Macron. Selon ce rapport, le « trou » se creuserait jusqu’en 2030 où il atteindrait entre 22,1 et 26,9 milliards, avant de se résorber par la suite.
Ce rapport ne fait en réalité que rappeler les conclusions du précédent publié il y a six mois. Il s’inscrit dans une mise en scène du pouvoir servant à justifier le reniement des promesses électorales de Macron et à imposer une nouvelle contre-réforme « paramétrique » des retraites, avant le big bang « systémique » de la retraite par points.
Macron s’était engagé pendant sa campagne en 2017 à ne toucher ni au niveau des pensions, ni à l’âge de départ en retraite, ni à la durée de cotisation permettant de partir en retraite. Une à une, ces promesses sont remises en cause pour appliquer la politique d’austérité et de baisse de la dépense publique au profit des « premiers de cordée ».
Acte 1 : l’exécutif demande en septembre au COR d’affiner ses prévisions sur la situation des régimes de retraites. Acte 2 : dans son « show » sur les retraites, Macron annonce à Rodez qu’il « n’a pas la réponse », mais que « si le COR nous dit qu’il manque 8 à 10 milliards, il faudra travailler un peu plus longtemps »… Acte 3 : le pouvoir fait « sonner le COR », qui rend son rapport et confirme ce qu’il disait il y a six mois : un « trou » de 8 à 17 milliards. Acte 4 : le gouvernement est donc « contraint » de prendre des mesures douloureuses immédiates : recul de l’âge de départ en retraite et allongement de la durée de cotisation.
Au-delà des « prévisions » pour le moins incertaines du COR, une réalité ne fait pas de doute : le nombre des retraitéEs augmentant dans les années à venir, la part de richesses consacrée aux retraites devrait elle aussi augmenter. Ce n’est ni un drame ni une catastrophe : il suffirait d’augmenter légèrement les cotisations sociales patronales pour adapter le système aux besoins, en d’autres termes modifier la répartition des richesses au détriment des plus riches. Ce que précisément refuse l’exécutif, pour lequel la part des retraites doit rester fixe voire diminuer.
La pitoyable mise en scène autour du rapport du COR, et la double peine - « paramétrique » et « systémique » - désormais annoncée aux salariéEs et au retraitéEs, ne peuvent qu’amplifier la détermination de celles et ceux qui s’apprêtent à se mobiliser à partir du jeudi 5 décembre pour mettre en échec ces projets néfastes.
Montreuil le 19 novembre 2019