Le 31 mars, Najat Vallaud-Belkacem, ministre d’un gouvernement désavoué dans les urnes, confrontée à la contestation depuis plusieurs mois de sa réforme de l’éducation prioritaire, a présenté aux organisations syndicales son projet de réforme du collège. Comme toutes les autres réformes du gouvernement, ce projet n’aboutit qu’à une logique : l’application de l’austérité, et la dérégulation. En effet, avec cette réforme, le nombre d’heures d’enseignement disciplinaire des élèves en collège serait considérablement réduit (jusqu’à 6,5 h en moins en classe de 3e !).
Car alors que les établissements ont été déplumés des moyens qui permettaient de mettre en place des dispositifs pédagogiques en plus des horaires obligatoires, cette réforme s’attaque désormais au minimum légal des horaires disciplinaires. En effet, tous les dispositifs, l’accompagnement personnalisé, les projets interdisciplinaires, les options, seront fait sur le compte des horaires légaux de cours. Bilan, les élèves vont encore perdre des heures de cours, et les personnels, soumis à l’injonction de faire plus avec moins d’heures, n’en seront que moins disponibles pour leurs élèves. Pire encore, en lieu et place des enseignements disciplinaires définis nationalement par un programme, le gouvernement instaure les « Enseignements Pratiques Interdisciplinaires » et les « Pôles » scientifiques et littéraires. L’enseignement dans le cadre de ces dispositifs serait défini localement, par le Conseil d’Administration, avec toutes les dérives que l’on imagine. La SVT, la physique et la technologie seraient globalisées et là aussi leurs enseignements seraient définis localement. En outre, les options latin et grec disparaîtraient, l’allemand est lui aussi menacé.
Cette réforme ne peut aboutir qu’à deux choses : la dérégulation du service des enseignants, avec une surcharge de travail alors que le salaire est gelé, et l’explosion des inégalités. En effet, si dans les grands collèges parisiens, on continuera à enseigner latin, grec, éducation musicale..., dans les établissements de quartiers populaires, tout sera fait pour « adapter l’école au bassin d’emploi », comme préconisé dans la loi d’orientation de Vincent Peillon. Pour les enseignants, un tel projet est inacceptable. Comme l’expliquent les enseignants mobilisés de Seine-Saint-Denis, seule l’augmentation des moyens en personnel, en heures d’enseignement... peut permettre de résoudre les difficultés auxquelles le collège est actuellement confronté.
Encore une fois, avec cette réforme, le gouvernement montre de quel côté il se situe : du côté des capitalistes, des banquiers, de ceux qui veulent adapter l’école à l’entreprise au lieu de développer une école émancipatrice. Devant ces annonces catastrophiques, l’organisation syndicale majoritaire, le SNES-FSU, a décidé de rompre les négociations, suivi en cela par FO et la CGT. C’est un premier pas, qui doit se poursuivre par la mobilisation déterminée des personnels qui seule peut permettre le retrait de ce projet. Le 9 avril constituera une première étape pour développer et amplifier cette nécessaire mobilisation.
Tous et toutes en grève le 9 avril.
Montreuil, le 3 avril 2015