Dans un entretien à la presse régionale le 6 avril, le Premier ministre a précisé le contenu de son « plan santé ». Prétendant « obtenir des résultats rapides et concrets pour les Français », Attal tente un numéro d’illusionniste pour détourner l’attention des véritables raisons de la crise du système de santé, des responsabilités du pouvoir dans cette crise, tout en poursuivant et aggravant la politique d'austérité.
La principale mesure annoncée est la taxe dite « lapin » : une taxe de 5 euros dont devront s’acquitter les malades ne s’étant pas présentés à un rendez-vous médical. Ce dispositif contraindra le patientE à transmettre ses coordonnées bancaires aux plateformes de réservation type Doctolib. En sortant de son chapeau cette « taxe lapin », Attal tente de faire porter sur les malades eux-mêmes la responsabilité de la dégradation de l'accès aux soins, tant à l'hôpital que dans les territoires où les déserts médicaux s'étendent...
Comme toute mesure punitive de ce type, une taxe de 5 euros n'aura qu'une efficacité limitée. Elle ne pénalisera que celles et ceux, les plus pauvres et précaires, pour qui 5 euros ont une importance. Chez les autres, elle ne fera que renforcer une attitude consumériste vis-à-vis des soins : payer le droit de ne pas venir à son rendez-vous... La responsabilisation des patientEs vis-à-vis des soins ne peut venir que d'une réappropriation démocratique par les usagerEs de leur système de santé et de protection sociale au moyen d'une sécurité sociale autogérée, et d'un système de soins public et gratuit auquel les patientEs sont associés.
Le but principal de cette « taxe lapin » est bien de détourner l'attention des véritables problèmes qui vont s'aggraver avec le renforcement de l'austérité budgétaire au nom de la prétendue lutte contre les déficits : manque de financement du système hospitalier faute de budgets suffisants, rémunération insuffisante des professionnels, management toxique... Et comme l'a souligné l'association des maires des communes rurales, ce n'est pas cette taxe ou l'accès direct à un spécialiste (autre mesure du plan Attal) qui permettront d'obtenir un rendez-vous sur des territoires... où il n'y a de toute façon plus de généralistes ou de spécialistes !
Les autres mesurettes annoncées par Attal, comme la possibilité de prescriptions de certains antibiotiques par les pharmaciens ou l'appel à des médecins déjà surchargés et en nombre insuffisant pour assurer la permanence des soins, ne répondent en rien à la gravité de la situation. Quant à la petite augmentation du nombre de médecins formés, elle ne commencera à avoir d'effet que dans 10 ans.
Les véritables problèmes sont ailleurs : dans le délabrement faute de moyens d'un hôpital où manquent les lits et le personnel, dans l'absence de centres de santé publics et gratuits sur tout le territoire, dans un accès aux soins de plus en plus difficile pour des raisons financières... Le renforcement de la politique d'austérité au nom de la lutte contre les déficits va encore les aggraver. La réponse à l'illusionniste Attal et à son gouvernement ne peut être qu'une mobilisation générale pour faire de la santé une véritable priorité.
Montreuil le lundi 8 avril 2024